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surveille la situation de près

une autre date au hasard :
2017.01.28 | pour qui le courrier du 391 ?

« Air Canada surveille la situation de près », mais le message d’avertissement reste fixe depuis 3 jours. On peut s’inscrire pour une alerte mail personnalisée concernant tel ou tel vol, mais ce sera juste pour prévenir à moins 1 heure que le vol est annulé : on va garder quelques jours de plus notre pensionnaire, on ne s’en plaindra certes pas. A l’aéroport où on va se renseigner, la dame très gentille répond qu’il faut téléphoner (mais le standard bien sûr est saturé, sauf celui qui concerne annonces automatiques concernant les vols, mais lorsque vous dites à haute voix le vol concerné, il vous rebascule sur le standard saturé), la dame nous dit que les visiteurs sont mieux renseignés qu’eux, parce que les informations ne leur parviennent pas et qu’en plus, contrairement aux passagers, ils n’ont pas la possibilité de regarder Internet (merci au Nouvel Obs, plus précis et actualisé que Le Monde). L’an dernier je suis venu 3 fois au Canada, et le gros avion quotidien d’Air Transat on l’appelait l’autobus, c’est pas le confort mais ça arrive et pour pas trop cher. Tout d’un coup on est est rappelé à la réalité : on est loin, le voyage est une aventure. Tout à l’heure, à marcher de long du fleuve avec ce clapot très dur et hérissé, on retrouvait ces mêmes sensations qu’avaient dû éprouver les arrivants de nos villages. C’est ce que nous dit la dame : – Prenez le bateau, ça met 10 jours ça coûte 800 dollars... Pourquoi pas. Dans les chiffres massifs de ces centaines de milliers de personnes bloquées, une bonne moitié paraît-il c’est l’industrie des vacances via Tour Operators : luxe du monde de la consommation, les charters soleil des Québécois qui s’en vont bronzer à Punta Cabana. Il faut relire à chaque instant nos propres nécessités, en réapprendre le vocabulaire. Les photos du volcan d’Islande sont incroyablement belles : on réapprend déjà la terre. Il va falloir aussi réapprendre le temps. Ou relire, tiens, le début de Guignol’s Band de Céline où c’est l’exode sous les bombes (d’Europe à Europe, au moins a-t-on progressé). Je retiens aussi ce petit sourire de la dame, à l’aéroport : – Vous avez fermé vos aéroports... Pas très grave, l’Europe, vu d’ici. Allez, spéciale dédicace à l’arpenteur forcé et prolongé de New York.


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 19 avril 2010
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