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un orignal des originaux

une autre date au hasard :
2014.07.22 | grues jaunes de Gênes

Vais encore me faire qualifier d’inepties rebattues mais ce journal m’appartient, désolé des naïvetés, et par ailleurs je suis assez de sites et blogs québécois y compris provisoirement parisiens pour pas que ça m’impressionne. Donc voilà, je souhaitais voir un orignal de près, ça ne se commande pas. J’en ai même vu un de plus près que celui-ci mais j’ai loupé la photo (je regardais). Je ne sais pas si c’est à cause de la bizarrerie de cette grosse bestiole calme, qui vit impassible et fixe dans le fond de ses forêts – voir La Bête lumineuse (à la limite du regardable, dans notre éthique de maintenant du documentaire, mais historique aussi pour cela, autant que pour sa mise à nu violente des mythologies d’ici), ou bien l’orignal en joyeux écorché dans cette commercialisation de la chasse. Non. Ceux de mon genre, on a lu dès l’enfance, puis l’adolescence, intensément. Et beaucoup de livres de voyages, de livres d’aventures. De navigateurs solitaires (Moitessier, Gerbault, Le Thoumelin...). Donc s’appropriant le réel bien au-delà la petite part qui nous en était concédée, au-dessous du niveau de la mer, dans la réclusion vendéenne (vaches, poules, cochons, cheval, on avait – et salamandres dans les marais). Ce qui est le mystère, pour moi, c’est que j’avais toujours lu le mot original. Et toujours pensé, jusqu’à cette année, qu’il s’agissait réellement d’un mammifère auquel son originalité avait valu le nom d’original. Comme j’ai lu beaucoup, dans chaque livre qu’il honorait de sa présence, la reconnaissance des mots rendait invisible la lettre ajoutée. C’est le même problème dans la correction d’épreuves, être parfaitement capable de corriger avec rigueur le texte d’un ami, et être si parfaitement incapable de corriger des énormités dans ses propres manuscrits. Voilà : hier, ce que je voulais voir de près, dans cet énorme museau, c’était l’originalité de ce i lu des années en trop. Je m’en suis corrigé, ici ils vous le répètent à longueur de route : les orignaux ne sont pas que sur les panneaux.


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 7 février 2010
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