Encore discussion avec Martin Winckler, dans cette cafétéria où le volume sonore est à égalité des restau U de chez nous, plus un écran géant lâchant brutalement des luminosités blanches qui chaque fois nous font nous retourner pour rien, comme si là-bas on avait ouvert la fenêtre (il n’y a pas de fenêtre). « Toujours été journaleux », il me dit, « le blog c’est le prolongement exact. » Je pense qu’il y a deux jours que je n’ai pas actualisé ce Journal, je ne me force pas, je ne suis pas de moi-même un journaleux. Ou alors juste une photo, un son : tout à l’heure, quand les étudiants écrivaient à partir d’Artaud, cette façon étrange dont se mêlait le bruit des écritures stylo, crayon gomme, aux claviers de ceux qui ont leur ordi ou NetBook. J’ai réservé un vidéo-projo, la semaine prochaine, leur montrer quelques astuces pour mise en page sur Word ou OpenOffice, comment on s’amuse avec Pages, la structuration d’un texte, la conversion PDF ou html, la mise en ligne blogs ou la préparation pour écran. Il y aurait eu quoi, à mettre dans le journal : la pluie ce matin, les retrouvailles avec le bureau vide du 8ème étage, la boîte à mails enfin nettoyée et triée. Au-dessus de nos salades (on met ce qu’on veut dans l’assiette, on paye au poids), Winckler parlait toujours du Journal de Kafka : le hasard lui avait fait entendre Marthe Robert à la radio, il avait lu le Journal avant de lire quoi que ce soit d’autre. « On l’a saucissonné à la française, Kafka, le noble d’un côté, c’est les romans, et ce qui reste de l’autre, ben c’est pas ça... » Hier, dans le bureau de René Audet, ces types qui marchaient avec des casques de couleur sur le toit gris de la fac : ça doit être à peu près ça, ce qu’on fait là.