Suis toujours curieux ces perturbations de la géographie et du temps qu’induit la relation Internet. Ce n’est pas qu’elles soient graves, c’est qu’on ne se rend plus compte de l’énormité qu’elles engendrent. Donc, hier, sonne à ma porte Jean-Claude Jorgensen. Et voilà, l’histoire est finie. Il ne voulait même pas un coup à boire, on s’est assis sur le canapé, on a parlé des choses ordinaires : bien sûr, puisque le reste on le sait. D’ateliers d’écriture et de son boulot d’enseignant, des amis communs, des trucs en cours concernant Internet, de son quotidien là-bas et du nôtre ici. Mais qu’est-ce que je ne savais pas de son quotidien ? Finalement, bien plus que lorsque, toutes ces années, il était prof à Nantes ou Carquefou, tout près. Depuis septembre, il enseigne à la Réunion, et tient un blog, isle-bourbon.com avec ses équipées aériennes ou pédestres, de la poésie, de l’histoire littéraire et même quelques chats errants (nous n’avons pas parlé des chats errants). Lorsqu’il met un nouvel article sur son blog, je l’aperçois sur mon fil rss, je vais lire. Il appartient donc à mon quotidien, et ce qu’il dit et vit avec plaisir, je le reçois de même. Je savais (via le blog) que pour ces vacances il revenait dans la grise et froide métropole, je lui aurais pardonné, dans ces conditions, de ne pas passer saluer. Or donc, hier à 16h27, ça sonne à la porte sans prévenir et c’est Jean-Claude : voilà, on s’embrasse pour de vrai, et vrai qu’il y a plaisir à se retrouver, mais l’éloignement, le coup grand voyageur de retour ? Non, on s’était vu la veille. Ça va même plus loin – il y a plaisir à se voir en vrai, mais le vrai de nous il est où, dans cet espace agrandi de soi ?