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2006.06.14 | Nancy-Paris mais plutôt de nuit

Combien de fois j’ai pris ce train ? On finit tard au théâtre, de toute façon ensuite, pas question de trouver le sommeil. C’est le 2h42, qui arrive gare de l’Est à 6h42. Je prends un compartiment première, ça permet de s’allonger sur la banquette.

Autrefois, à Nancy, je dormais hôtel Carnot, parce que tout près du théâtre, tout près de la gare. André Markowicz aussi préférait celui-ci. Ce n’était pas luxueux, même vraiment le contraire : mais justement, ça évitait de se sentir à l’hôtel. L’an passé, le Carnot a brûlé, deux morts.

Pareil d’ailleurs dans ce train de nuit, enfin son frère, qui dans l’autre sens chaque nuit va à Munich : une histoire de cafetière électrique du steward qui avait mis le feu à une paroi : fumées toxiques, huit morts. C’était il y a trois ans, en gare de Nancy.

J’ai pris, dans toute ma vie, tellement de trains de nuit. On attaque la journée là où on arrive. C’était simple, il y a encore quelques années, d’aller d’un endroit à l’autre en train de nuit. Il y en a de moins en moins. Allongé, la tête sur le sac à ordi, pas très confort. Mais comme c’est l’été, on sentait les odeurs du dehors. Et puis quand on ouvre l’oeil, le train immobilisé dans une gare, sans rien savoir d’où on est.

Ce que j’aime moins : à 2h du mat, en attendant dans la gare, les yeux usés. Sur le banc, ces trois qui parlaient russe.


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 14 juin 2006
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