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2021.10.07 | la Défense, mille fois : ça vieillit, une photographie ?

une autre date au hasard :
2008.04.25 | BNF, visite au robot Heritrix
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Non pas 1000 fois, mais 1031 exactement : en mai 2011, à l’invitation d’Olivier Chaudenson et du festival Paris en Toutes Lettres, mais sur une idée que je leur avais soumise, je passais une pleine semaine sans quitter l’esplanade de la Défense. À 10 ans d’intervalle c’est un souvenir fort : la possibilité d’une tentative d’épuisement d’un ensemble urbain éminemment complexe, et en transformation permanente (ça continue), et ce que vous ouvre, dans le rapport au réel, cette exploration réitérée en un même point, toutes ses zones de transition et frontières. Je sortais d’une période sans appareil-photo : le bridge Lumix que j’avais épuisé en pas loin de 5 ans, dont l’année au Québec, me lâchait (le capteur) et je m’étais imaginé que l’iPhone pouvait remplacer. En l’honneur de cette immersion la Défense je m’étais offert (à la Fnac de Poitiers, la semaine précédente) un petit Canon G12, un compact — toujours ce barrage de légitimité intérieure à se dire que je n’avais pas le droit au Reflex, justement parce que je n’étais pas photographe —, qui à son tour finirait par décéder de sa belle mort, entre la poussière des laminoirs de Fos en 2012 et l’atelier Fontevraud avec Claude Ponti, où je laissais l’appareil à disposition des gamins (c’était les plus belles photos, celles qu’ils se faisaient d’eux-mêmes, et c’est une douleur pour moi, même là à distance, comme on était partenaire d’un établissement de protection judiciaire de ces mômes, l’impossibilité de publier). Est-ce que je photographierais différemment aujourd’hui, avec le GH5 et mon Sigma 16 equiv 32 ? Justement, je ne crois pas. Est-ce que les photos seraient meilleures : oui, sans doute, puisque les algorithmes de traitement du capteur ont évolué encore plus que les capteurs eux-mêmes. Bien sûr, pour la Défense, énormément de photos en ligne : on avait mis au point un système qui affichait à distance, à la Gaieté Lyrique (merci Pierre Nouvel), ce qu’on faisait sur le terrain (il y avait 2 autres résidences en parallèle, simultanément, dont Joy Sorman à la gare du Nord). C’est devenu, sur mon site, mon premier web livre, voir le roman-photo, la section architecture-plans, ou la section écrivez-votre Défense, ou le programme. Beaucoup de réactions hier (merci), et riches, sur cette idée que j’avais eue, à partir d’un voyage en train par mauvais temps, l’hiver 2008, de les déformer pour les faire comme régresser à ce que je vois en rêve, ou comment je vois tout court. Là c’est plutôt l’inverse : peut-on photographier de façon documentaire, et où est la bascule qui transforme l’objectivité photographique en début de fiction ? Proposition en 21 images prises dans les 1031, mais peut-être 21 autres demain. Et accessoirement, puisqu’à 10 ans de distance : est-ce que ça vieillit, une photographie ?

 

 


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
1ère mise en ligne et dernière modification le 7 octobre 2021
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