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2015.12.15 | la bonne blague

C’étaient quand même 2 journées ultra-denses, avec l’obligation de prendre la parole sur mutation numérique de l’écrit. Evidemment une réflexion constante, mais à ma manière, celle de l’artisan, du bricoleur de site. En même temps, remise en cause permanente, justement parce que désormais non plus depuis une sorte de migration du livre, mais en établissant progressivement la pensée depuis les pratiques et usages qu’on invente ici. Et ça n’a pas été facile ni rapide. En amont, j’avais donc bossé pas mal, et deux tenseurs favorables : échanges avec Lionel Ruffel qui met au centre de son travail le concept de publication d’une part, une approche plus fine de Flusser d’autre part, incluant l’histoire de l’écrit dans l’histoire plus générale de l’image, ce que je me refusais à prendre au sérieux jusqu’ici, mais qui m’a réellement remis en mouvement. Donc exercice pas facile. Je m’étais promis, pour rester synoptique ou tenter de l’être (mon autre problème : j’ouvre plein de parenthèses que je ne ferme pas), de ne prendre aucun exemple. Il m’en est quand même venu 2 ou 3 dans les bras, en particulier, mais très brièvement, la surprise de César, dans ses Commentaires, sur le non-passage à l’écriture des Celtes et Gaulois – c’est même un des mini-chapitres d’Après le livre. Et quand tout était fini, que la tension retombe, un brave homme qui vient me voir, et me dit que mon intervention « lui a fait penser à quelque chose ». Evidemment, j’écoute. Et là, il me sort : « À Astérix, le papyrus de César ». Ah bon, que j’ai fait. J’ai vu des piles de ce machin dans les gares, mais pas feuilleté. Et il continue : « Par rapport à ce que vous avez dit, les écrits s’envolent, les paroles restent ». Ah bon, j’ai redit encore une fois. Et comme vraiment je ne comprenais pas, il s’est senti tenu de m’expliquer : « Oui, dans Astérix ils ont mis le proverbe comme ça ». Ah bon, j’ai refait pour la troisième fois. Et comme j’étais vraiment interloqué : « Vous comprenez, le proverbe à l’envers ». Je crois que j’ai toujours pas compris. J’en sais pas plus sur qui il était à pourquoi, ni son rapport à la pensée de Stiegler. C’est probablement pas si grave, d’ailleurs. La bonne blague.


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 15 décembre 2015
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