On n’est jamais indemne de ces intérieurs exposés. Me souviens de traversées de la Hollande la nuit, les séjours sans rideaux offrant comme leurs peintures les intérieurs nets et si peu distincts. Ou bien sûr Hopper dessinant chaque soir, au retour chez lui depuis son atelier de peintre, par le métro aérien, d’un bref croquis, l’intérieur de bureau aperçu et puis les condensant et simplifiant dans son Office at night. Cela fascine encore plus à New York, même vu de loin comme au Sofitel, et en France on se fabrique nos petites Amériques. La vie de bureau semble terne, mêmes écrans que le soir rend un peu tristes, l’espace comme autant de boîtes meublées parfois de silhouettes. C’est un peu l’écho qui se prolonge du workshop à l’école d’archi de Nantes : les plateaux superposés sont comme avoir installé dans un gigantesque intérieur une suite d’espaces extérieurs, les salles de cours et ateliers ou bibliothèques y redevenant des intérieurs à l’intérieur. À Cergy c’est le contraire : le seul espace extérieur, la cour, en devenant lieu communautaire s’équipe de tables et de chaises qui en font un intérieur communautaire privilégié (ce midi, mangeant mon sandwich Coca chez le Turc d’à côté, la surprise que dans sa salle en sous-sol la verrière donne sur l’extérieur de l’école vue en surplomb). Vue plongée sur monde nous-mêmes : est-ce qu’à photographier ainsi un intérieur ce n’est pas comme s’écarter un instant de soi-même et saisir quelque chose qui nous concerne. Chambre de hasard, vue arbitraire, demain repartir (eux ils seront à nouveau derrière leurs vitres sans rideaux).