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journal | Baudelaire en japonais

une autre date au hasard :
2022.05.07 | la Loire, neige des saules

Ce n’était pas une demande de l’école, c’est moi qui ai demandé, en juillet lors des premières rencontres après le concours : pouvoir appuyer les 2 ateliers d’un cours en amphi, que je voyais même sans contrainte de présence, juste la porte ouverte, et bien sûr un plus dans l’éval des ateliers en cas de participation régulière. Le souhait, c’était aussi de ne pas charger l’atelier de contenus théoriques ou historiques, aller tout de suite à la pratique. Mais, pour moi, préparer un atelier n’a rien à voir avec préparer un cours : besoin de me sentir libre et en mouvement dans l’approche littéraire. Donc ce sera un mercredi sur deux, en alternance avec le cours cinéma, et pas question de me donner un séquençage semestriel : si c’est un voyage sur une trentaine de séances, il s’organisera sur 2 années scolaires. Alors ça se réinstalle petit à petit dans votre vie, malgré les urgences, une place pour la lecture longue et réflexive. Je suis comme un malade en convalescence, les textes de philo je tiens peu dans la concentration, c’est un peu le mal de ces dernières années, les boulots enchaînés. Par contre, les oeuvres sont toujours restées là, dans la pièce, confiantes. Elles sont déjà (de toujours) rassemblées en atelier, le corps de l’oeuvre elle-même et tout ce qui tourne autour. L’an dernier, c’est Proust qui a pris l’espace. Là depuis quelques jours c’est Baudelaire, et Benjamin et Blanchot avec lui. Avoir à remonter vers, se laisser prendre par. J’ai l’iPad aussi, ouvert sur l’oeuvre complète (moins la Correspondance, malheureusement, pas trouvé de version numérique) pour la recherche par occurrence, ou retrouver très vite les textes. La façon aussi dont un moment s’installe dans la journée, depuis quelques jours c’est 17h-20h, sans décider, juste un glissement. Des livres ouverts longtemps à la même page. Je prends peu de notes, ne surligne pas, n’annote pas, même si j’ai UlyssesIII ouvert pour ça, et tendance aussi à facilement twitter les phrases qui font angle, façon aussi de mémoriser. Puis mon Baudelaire en japonais. Baudelaire en vertical, et le mouvement des pages inversé par rapport à nos habitudes, c’est un peu un porte-bonheur ce livre. Mais je crois que le plus beau cadeau, en ce moment, où j’ai bien du mal à faire autre chose, quand même les ombres hérissées de ces derniers mois et dernières années sont encore là menaçantes, et qu’il y a encore dans le même UlyssesIII des listes entières de choses administratives à remplir, mails à répondre, dates à organiser, dossiers ou textes à préparer, ne pas plus y arriver qu’avant mais la légitimité ou le luxe que son temps privé soit de lire (en même temps se sentir encore besoin de le justifier).


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
1ère mise en ligne et dernière modification le 6 octobre 2013
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