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journal | table de montage

Dans l’école de cinéma que nous visitons lundi matin, le couloir du haut est réservé aux salles de montage. Beau temps qu’elles sont numériques, deux écrans et Final Cut, même si on a tourné en pellicule (oui, encore) on monte sur la copie numérisée. Dans les petites salles, on aperçoit comment ils s’installent, pomme et coca, scénar ou bouquins. Dans les couloirs, on en verra trois ou quatre, des anciennes tables de montage analogiques. Lourdes, avec leur bâti de fer, les mags de bobines, les suites de galet et le petit hublot de visualisation. Pas le droit de trop se tromper, on ne peut pas couper et recoller quatre fois le même bout de pellicule originale. J’y pense ce matin, attelé comme les précédents à la reprise et mise au point du Proust. Texte rédigé sur le petit MacAir 11’’, et déplié maintenant sur la dalle 27’’. Mais qu’il fallait trouver, même sur l’écran, cette matérialité de pellicule. Installer une clôture qui sera celle du livre, et la rigidité du processus de l’imprimé comme contrainte permettant de rompre soi-même avec l’infinie plasticité du blog ou de la version traitement de texte. D’ailleurs, l’affinage de chacune des 100 séquences me rend impossible pour l’instant de reporter dans le blog la masse des coupes et reprises. Je ne me serais pas engagé dans cette approche de Proust si je ne l’avais pas constamment décrypté avec les outils numériques, recherche d’occurrences, documentation et dépli. La vieille table de montage analogique devient l’allégorie de comment je demande à mon ordinateur une sorte de marche arrière.


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 6 mars 2013
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