Drôle de semaine -– cette année, ai accepté 2 chantiers de longue haleine, intervenant vacataire dans le cadre du master Création littéraire du Havre, et du mal à établir les rôles, sentiment assez grave ce début de semaine que ce n’était pas vraiment ma place, contexte et programme pas assez précis et définis, donc décision à prendre après dernière intervention de ce premier semestre. Et je m’étais débrouillé pour alterner suite de premiers ateliers d’écriture avec groupe tout aussi restreint, 10 personnes, presque dans chaque cas un accompagnement privé, mais où je retrouve un ancrage biographique fort, les mains à mécanique, le temps de l’usine, le choc esthétique qu’avaient été pour moi les aciéries de Longwy. Et, comme au temps de Daewoo la rencontre de Jean-Louis Malys, la densité des échanges avec ceux qui vivent l’usine au quotidien, la complexité d’analyse et l’implication humaine des responsables CFDT du Comité d’établissement, et que ça me donne un ancrage intérieur qui manquait depuis longtemps. Mais cette semaine c’était lundi-mardi au Havre et jeudi à Fos, d’où cet effet-retour de grande incertitude géographique (à Fos, accueillis dans salle de répétition du théâtre, donc je ne vois ni l’atelier ni la mer), et les heures qui se sont empilées dans le train, finalement avalées par une relecture massive de Proust sur mon Kindle Fire, Proust sur paysage perpétuellement défilant, Proust dans promiscuité maximum ou wagon vide, Proust dans énergie du matin ou fatigue du soir. Finalement, ça aura été une semaine Proust, avec pauses ateliers d’écriture. Reste que j’aime ça, la situation d’atelier d’écriture, même si au Havre il est difficile d’évoquer Proust avec les étudiants, et qu’à Fos on se régale de faire notre Proust avec les sidérurgistes.