< Tiers Livre, le journal images : des chiffres et des lettres (via Panzani)

des chiffres et des lettres (via Panzani)

Il ne faut pas m’en vouloir : en ce moment on se pose beaucoup de questions sur le prix auquel proposer nos textes sur publie.net, équation pas facile à régler dans la mesure où la technicité des epubs, la nécessité qu’ils soient beaux, et les contraintes de la distribution (les libraires et distributeurs prennent 40%) rendent l’activité plutôt funambule, et c’est lourd aux épaules. Il suffirait qu’on vende deux fois plus – ce qui signifie souvent, pour un texte proposé en téléchargement, 30 et pas 15, c’est pas le bout du monde... On a une impression de cloison de verre : c’est contemporain, donc ça doit être difficile et barbant. Pourtant, nous on sait bien qu’on propose tout le contraire, et que c’est quand même plus excitant ce qu’on fait, que le pré-mâché qui fait l’artillerie lourde. Et vous avez ça dans la tête quand vous voulez achetez vos pâtes à potage, l’ordinaire du soir, que pour alterner gros vermicelle et alphabets on a la main qui va vers Panzani... et puis non. Ils ont disparu. A la place, c’est « les pâtes à compter » – comme si on ne comptait pas assez. Mais c’est vrai qu’il n’y a pas pour les chiffres un mot comme alphabet pour les lettres. On n’appelle pas un paquet de pâtes à potage numérotation décimale, hexadécimale, binaire. Encore que des pâtes en binaire, ça me conforterait pour la séance code du soir. Finalement je les ai retrouvés, les Alphabets : juste décalés au rez-de-chaussée. Les deux paquets sur la photo, c’est moi qui les ai remontés. Autre curiosité : c’est le même poids, 500g, la même semoule (enfin, je suppose), le même design pour l’emballage, mais les paquets de pâtes à compter sont bien 1/3 plus gros. En typo, on appelle ça l’oeil de la lettre, pour les chiffres ils ont dû étirer et raplatir, c’est gagné : pour le même poids, on a l’impression d’un paquet bien plus énorme, et compter c’est plus difficile qu’alphaber, vaut mieux que ce soit écrit gros. En attendant, le paquet nouveau est un petit cran plus cher que le paquet ancien. On ne touche pas à la hausse des prix ni à l’économie des ménages : ce n’est pas le même produit, des chiffres au lieu des lettres et un gros paquet au lieu d’un petit, ça mérite de dépenser plus. Sauf que. Et tu continues de pousser ton caddy, d’ailleurs ce matin un qui grinçait et boitait, dans des abîmes de réflexion quant à tes eBooks pas assez chers et qui te font grincer les fins de mois, alors que tant d’autres ont changé le paquet pour le vendre plus cher.


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 17 octobre 2012
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