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livres obligatoires

Cet après-midi, je me suis rendu dans cette belle et ancienne maison du vieux Tours où siège le Tribunal de commerce, portant avec moi 3 classeurs dorés au fer sur la tranche “livre des assemblées”, “livre des inventaires”, “livre journal” – officiellement dits livres obligatoires –, le mot “livre” sans doute présent pour justifier le prix à 38 euros de chacun de ces classeurs chez Buromat dans la zone industrielle nord. Je me suis un peu perdu dans les entrées, entre la Chambre de commerce et la salle d’audience, puis la porte du Greffe où on vous indique surtout la salle des faillites, nettement plus fréquentée semble-t-il que celle des paraphes de livres. Ce n’est jamais très plaisant d’attendre pendant que les gens échangent sur leur vie privée (mais bon, c’était la rentrée des classes), en faisant très attention de ne pas sembler voir qu’un visiteur attend. Après cependant une douzaine de minutes, la dame qui s’est adressée à moi m’a adressé à sa collègue, laquelle m’a dit "Je suis bientôt à vous", tandis qu’elle protestait auprès d’une troisième en disant ne pas “retrouver ses repères” dans son ordinateur – pensez, les stagiaires de l’été...). Enfin, et souriant (pour compenser l’attente, ou se la simple joie d’avoir fait respecter au visiteur les étapes nécessaires), m’invitant à calligraphier sur la première page de ce classeur le nom et l’adresse de ma société, sur lequel elle a appliqué – mais la, fortement, et à deux reprises – le tampon officiel. Le prix c’est 3,11 euros, elle a ouvert son tiroir pour me rendre la monnaie sur mon billet de 5 (non, désolé, je n’ai pas les onze), et a imprimé en couleur sur papier filigrane officiel (le même que pour les SIRET) le reçu de la somme, puis ouvert un carnet à souche et inscrit manuellement une date, dans 3 semaines (trois), à partir de laquelle j’étais invité à téléphoner pour confirmation, afin de venir en ce lien même retirer mon classeur “qui aura été signé par un juge”. Après quoi mon cabinet d’expert-comptable pourra coller manuellement sur les feuilles de ce classeur une photocopie feuille par feuille du bilan comptable annuel de mon eurl, document bien sûr informatisé (on le communique aussi à la banque). Nous sommes un fier pays moderne. Nous marchons en avant fièrement vers l’économie numérique. Et en plus, je n’avais même pas pris mon appareil photo (donc celle ci-dessus n’a rien à voir).


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 5 septembre 2011
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