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le temps se montre

Fn des années soixante-dix, cette partie du boulevard Saint-Germain comptait au moins 2 points de visite active, plus les librairies : Duriez, avec les machines à écrire et les calculatrices, Odéon Photo (avec 2 magasins côte à côte, via un corridor au fond, favorable aux malhonnêtes). Peut-être pas un hasard si c’est l’emplacement qu’a choisi la Fnac Digitale, mais cette portion de boulevard est bien terne désormais. Reste ce magasin de montres, un peu comme trace fossile de ce Paris où la marchandise était une spécialité localisée. Je crois que j’ai dû porter une montre quand j’avais 10 ou 12 ans, mais plus ensuite. L’idée approximative de l’heure devient alors une fonction intérieure assez précise (je maintiens : précis dans l’approximation), alors que demandez l’heure à quelqu’un qui vient de regarder sa montre, il la lèvera à nouveau devant ses yeux pour vous répondre. D’ailleurs, des pendules il y en a partout, sur les parc-mètres des rues, sur les panneaux lumineux des pharmacies, dans les voitures, les salles de cours etc. Plus que la possession d’un téléphone portable vous greffe tout aussi bien, avec l’altimètre et l’ultra-son anti-chiens, du métronome et de la calculette, d’un réveil-matin chronomètre. Dans la vitrine du marchand de montres, des petits clubs de golf à s’accrocher en boutonnière, des sets de couture dépannage et même une épée Profession Justice. je n’avais pas le temps de rester observer qui étaient ses clients, ce qu’ils achetaient. Qu’a-t-on perdu, ou pas, à perdre ce Paris ?


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 28 avril 2011
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