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duffle-coat

une autre date au hasard :
2022.04.21 | délitement du monde

Dans le chemin que prend cette Autobiographie des objets, arriver à une sorte de terrain plus libre : les figures obligatoires, qui provoquaient le recours à l’écriture, on les a affrontées. On ne peut traiter la construction d’un livre (j’entends par livre ensemble textuel disposant d’autonomie) à l’horizontale, un élément s’ajoutant aux précédents. Chaque élément ajouté chasse ceux qui lui seraient équivalents. On doit changer la résolution optique, utiliser un autre chemin pour l’approche. D’autres éléments, qui ne disposaient pas en eux-mêmes de l’élan nécessaire pour déclencher l’écriture, créent un espace possible, et discrètement appellent. La photographie y aide – des photographies a priori conventionnelles laissent passer un détail, un jeu de taquin, le papier à cigarette Rizla du grand-père (côté Damvix), ou le jour de ce gymkhana à deux-chevaux bricolée. Ou qu’on équipait les enfants de bretelles. Il y a les rêves, aussi : à entrer dans ces écritures, les morts reviennent chaque nuit et vous parlent, ou s’ils ne parlent pas – parce qu’ils sont morts – ils gardent les yeux mi-ouverts. On écrit sous leur contrôle. Pour ce texte sur grandir j’avais mis en ligne cette photographie du France avant son lancement, on est fin 1961 – la guerre d’Algérie pas finie. Dans la même série de diapos scannées, sur la photographie suivante je suis avec mon grand-père (côté garage). Et viens le mot duffle-coat : c’est le nom de ces manteaux du dimanche en laine épaisse, avec leurs boutons en cône allongé à glisser dans la lanière. Aucune idée de si je saurai écrire du duffle-coat et si même ça en vaut la peine. Je le pose là. Et pour une photo qu’on met en ligne, combien dont on ne s’estimerait pas le droit ?


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 21 mars 2011
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