L’an dernier, cause Québec, on n’était pas venu saluer les vieux volcans d’Auvergne, ici longtemps que l’exode rural a tout rendu immuable, on reprend ses marques dans ce gîte dont on n’aura jamais connu aucun des autres locataires à d’autres périodes, mais où on retrouve tout (même le prix, dérisoire) à la même place, dans le hameau sans plus aucun habitant que la ferme un peu plus loin. J’ai souvenir très précis, pour chaque année depuis 1995, des livres en cours sur l’ordinateur portable, et de la suite des ordinateurs portables : première fois que je n’ai pas, depuis tant d’années, de livre en cours. J’ai souvenir du retour, à partir de 1997, quand on récupérait les e-mails accumulés, et puis du modem 56k installé ici sur le téléphone fixe du gîte (qui a été enlevé). Puis des expéditions une fois tous les trois jours au Mc’Donald d’Issoire, 25 minutres de voiture, pour gestion des affaires courantes et envois de fichiers. Me souviens d’avoir appris par SMS, ici, la mort de Maurice Blanchot. Autrefois je venais avec un sac rempli de livres, ils sont dans l’iPad, et je dois juste en avoir 2 ou3 dans le fond du cartable. Cette année, voilà, depuis la clé 3G (même sans réseau 3G), à vitesse qui renvoie approximativement à celle du modem 56k, je peux garder le contact avec le monde plus loin que les vaches impassibles et les vieilles masses ferrugineuses des volcans éteints. Pourtant, l’inertie de l’écart est primordiale : commencer par ranger le disque dur, classer et nettoyer la boîte mail. Hier soir, j’avais cette rémanence auditive incroyablement précise de mon premier PowerBook 145 (en 1993), lorsque pour la première fois j’avais chargé les 4 disquettes successives, bien avant le CD-ROM, qui contenaient Word, et ma découverte de ce logiciel que j’utiliserai durant 15 ans (depuis, ai migré vers Pages). Photo : prises Ethernet obsolètes, Sciences Po Paris. Où je suis : suivre mot-clé Auvergne ci-dessus à droite.