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2010.09.21 | jardins

On se l’est dit souvent, au Québec : comme nous est surprenante l’absence de jardins. Exception dans l’île d’Orléans, au point que parfois se demander si notre propre goût pour l’île d’Orléans ne venait pas d’une sorte de projection identitaire ? Le bois, pour les amis québécois, vient jusque sur leur terrain et joue le rôle qu’a pour nous le jardin (sauf quand la ville offre ses toits). En cette transition vers l’automne, moment à la fois luxurieux et déjà d’abandon. Derrière la porte vitrée, le voisin est là avec un carton qu’il nous offre : qu’aurais-je à lui offrir en échange ? De ce non-retour du don (un livre reçu en service de presse ? mais à condition que vraiment ce soit un don : livre pour lequel on a de l’estime) questions aussi qui surgissent. Hier, au bord de Loire, on admire un de ces jardins, le propriétaire est derrière la haie, mais il n’avait pas entendu : – J’ai l’oreille lourde, nous dit-il, dans ce français avec souvent trois siècles d’histoire spécifique à cette terre rabelaisienne. On lui dit que c’est beau (taches rouilles des premiers jaunissements, odeur des fruits qui fermentent), il montre les barbelés sur la petite porte de bois : – Je suis obligé, à cause des voleurs. Il nous est arrivé quelques moissons extraordinaires dans des jardins à l’abandon, mais il ne me viendrait pas à l’idée de piocher dans cette manifestation chaque centimètre carré de la main du jardinier (le beau livre de Lucien Suel, l’an passé). Tradition du jardin ouvrier : dans le train pour Genève, jeudi dernier, ceux-ci à la volée, sur fond d’usine, vers Bourg-en-Bresse.


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 21 septembre 2010
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