J’avais à peine sept ans et je regardais les cartes postales punaisées sur la porte, ça fait voyager les cartes postales!
J’erre à Saint-Chamond, écrasante torpeur du mois d’août qui s’étend sur les usines closes, pas une fumée, pas un bruit.
J’ai vu l’eau qui stagnait ça et là, visqueuse et marbrée d’irisation, j’ai vu le Janon.
Ici la mer est bleue, camaïeu de bleus, je suis à Malaga, je suis en Corse, je suis à Ibiza, à Formentera, à Alcudia, à Sollers, à Ciutadella.
J’ai vu des voiliers attirés par le vent, j’ai vu des mots-galets, des mots couleurs.
Je n’ai pas vu le désert d’Atacama, ces petites grappes rose fuchsia accrochées à leur feuillage, petits grains de poivre de Sechuan.
J’ai vu une armée de chapeaux melons danser devant le lac Titicaca ou peut-être pas.
J’ai vu les Pyrénées meurtries et leurs cimes encore enneigées.
Le cirque Hipparque, la mer Australe, la mer du Serpent, la mer de la Connaissance, je les ai seulement devinés.
J’ai vu le désert médical dans les campagnes de France.
J’ai jeté l’ancre dans la baie de Kearakekoua.
Je n’ai vu que du bleu à ChefChaouen.
C’est quoi au fond un vrai voyage ?