A pied, en autocar, en métro, en bus, en bateau, en avion…
Sur un voilier au large de Hiva Oa, j’ai connu le mal de mer et le poisson cru.
Dans un bus au pied du Popocatepetl, j’ai vu monter à la nuit tombante une jeune fille aux escarpins rouges sortie d’un bidonville.
Dans le train pour Chihuahua, j’ai écouté la complainte déchirante de l’amour déçu.
A pied sur la place Tien An Men aux parasols couverts de dazibaos, j’ai voulu visiter la cité interdite, mais elle était interdite.
En métro à Atlanta, j’ai loupé la sortie et me suis retrouvée du côté noir du quartier, mêmes rues, mêmes maisons de bois que du côté blanc, troublant jeu de miroir.
Sur les marches du Lavagem de Bom Fim, j’ai dansé candomblé avec des déesses fumeuses de pipes.
Dans le petit coucou qui décollait d’Araracuara, le pilote a salué les villageois par un looping, moi j’ai serré les dents pour ne pas vomir.
Nez en l’air, j’ai vu Bucaramanga aux cent zopilotes prêts à fondre sur le marché pour se disputer les restes.
En pirogue à moteur sur le Yapurá, j’ai senti la présence oubliée des Tupinambas, Omaguas, Muras, Yuries, Pazees, Mainas.
A l’arrière d’un pick-up roulant à tombeau ouvert, je me suis cramponnée aux arceaux sur les pistes cahoteuses du Nouveau-Mexique.
En rêve, j’aurais aimé…
J’aurais aimé connaître les températures négatives du Grand Nord, accompagnée d’un Jack London, d’un loup Rebelle sous les aurores boréales drapées d’émeraude.
J’aurais aimé marcher sur les sentiers lumineux du désert d’Atacama, contempler les Perséides et à chaque étoile filante faire un vœu.
J’aurais aimé boire le thé brûlant sous une tente, invitée par des Bédouins indigo aux yeux profonds soulignés de khol, loin de Tamanrasset.
J’aurais aimé me baigner dans les eaux d’Anse Source d’Argent de la Digue Seychelloise à l’ombre des blocs de granit poli par l’écume du temps.
J’aurais aimé découvrir l’architecture de terre de Saana aujourd’hui sous les bombes, Tombouctou fascinante bibliothèque du désert, l’île de Gorée.
Pour ne jamais oublier.
J’aurais aimé plonger dans le lagon de Reykjavik, marcher sur le volcan Vatnajökull aux fumeroles épaisses clouant les avions au sol.
J’aurais aimé… Fantasme de Mandchourie, de Bhoutan, Oulan-Bator, Monghols, steppe aride, chevaux sauvages, Dersou Ouzala,
peut-être l’endroit au monde où l’être profond émerge, palpable.
à tous les coups, voyage, c’est sûr, en plongée ou haut dans le ciel, on est parti avec vous, merci.
Merci Gwen d’être passée partager ces quelques surprises nées des hasards du voyage.