Je suis été. Dans le coin on dit « je suis été ». J’ai arrêté de reprendre les gens du coin. J’accueille l’extravagance grammaticale. Les voyages de peu, rien d’extravagant, des noms de coins qui remplissent l’attente d’exotisme local, pas besoin d’aller bien loin, et puis on peut pas, ça fait cher, Saint-Julien-Molin-Molette, vers chez l’oncle, le nom éclipsera le souvenir des lieux pourtant traversés en chair et en os, ça ne colle pas avec la mollesse du toponyme, ça fait penser aux œufs mollets, l’enfant ne peut s’en décoller l’écho. Comme la rue Tréfilerie, tu dis trifouillis, c’était plus beau. Tréfilage, écrouissage, bouche toi les oreilles, ça grince dans le coin froid comme les métaux. Voyages de peu. Prendre le tram, Grouchy c’est moche ça grouille, on passe vite, projection vers là-haut, oui tout au bout y a Bellevue, déception, rien de bien beau à voir, dire que tu t’étais imaginé un petit paradis ensoleillé. Une fois l’an quelques noms de plages viendront éclairer la noirceur des voyages du coin, Marseillan, tout de suite, ça crépite plus que les œufs mollets ou que St Just-la-Pendue.
Je ne suis pas été. Marcher dans les neiges du Kilimanjaro sans se retourner sur les empreintes, accueillir le soleil de Miami comme un astre familier, ne pas se soucier de bâtir la yourte chez les Mongols, traverser les baraquements de Birkenau en pleurant pour ne pas oublier, et dormir pour toujours chez le Père Lachaise.
ben oui « je suis été »
Oui Brigitte ! Merci pour ta lecture
Extra, Marie-C, tu es inspirante, beaucoup. Et tu fais souvent court, vraiment beau. Mille mercis.
Oh merci Simone je suis très très touchée par ton commentaire; à bientôt vers chez nous et en ligne
Très inspirant et une incitation à y entrer… Merci, Marie-Caroline.
Merci Anne !!
contente de te retrouver. Tu n’étais pas dans les carnets ? ou je ne t’ai pas vue ?
Coucou Danièle, contente aussi d’en être et si j’ai bien participé aux carnets mais peu aux zooms hélas..
Saint Julien Molin-Molette, j’adore ce nom de Village, par ailleurs très sympathique. J’y ai deux amis dont un peintre et j’ai toujours envie d’y retourner. Les usines laissées aux Artistes et créateurs de Beauté, ça a permis de belles rencontres. Ce qui est mort peut -être un peu plus vivant si on y va… Pour la deuxième partie du texte. J’adhère aussi… Convergence dans cette obssession des camps qu’on voudrait ne pas avoir à visiter… Où on n’a pas envie d’y avoir été… où le voyage se termine mal… Pas le voyage pour Cythère assurément… »L’expression « s’embarquer pour Cythère« viendrait d’un tableau de Watteau intitulé « Pèlerinage à l’île de Cythère » (1717) qui représente des couples d’amoureux sur le point de débarquer sur l’île de Cythère ou de la quitter avec regret. »
Ah oui je vois bien de quel tableau tu parles! Merci Marie-Thérèse pour ce riche commentaire!