Au Guatemala
Le carrefour de la Libertad. D’un côté la boutique de l’espérance, tienda la esperanza, vend tout l’espoir qu’il a en stock. Il y a notamment du Coca-Cola, c’est écrit en gros. En face, une affiche annonce deux au prix d’un. Reste à imaginer quoi, des sandwichs, des sourires, des sujets d’espoir, peut-être, pour concurrencer le voisin en face. Entre les deux boutiques, une jeune femme traverse la rue, elle porte un jean curieusement délavé.
Au Guatemala
À une vingtaine de kilomètres au sud sur la PET-11, à Sayaxché, la route se coupe en deux devant un château d’eau en acier en partie rouillé. Un Y, comme si le géant de fer veillait à la croisée des chemins. À gauche, la route est bien entretenue mais elle est déserte. À droite, la route est plus petite mais au fond, on distingue deux personnes sous une ombrelle qui se chuchote à l’oreille. Sans doute pour ne pas réveiller le géant de fer.
Au Guatemala
Encore plus au sud, à environ 80 kilomètres sur la PET-11, Xuctzul possède un arbre sous lequel de nombreuses personnes sont rassemblées. L’arbre n’est pas très grand, son feuillage n’est pas très fourni mais la route l’encercle, preuve de son importance. Au fond, une station essence veille et on distingue une voiture chargée de passagers (il y en a même sur le toit) s’en éloigner. Une moto passe, elle veut nous faire croire que tout est normal.
Il y a dans la lumière aveuglante d’un soleil abrupt comme un souvenir qui essaie de percer. Au plus loin des chemins que j’ai pu emprunter, dans une extrémité du monde, sa présence s’immisce dans les moindres recoins. Dans l’étrangeté de l’inconnu, un souvenir d’Esther sommeille. Une idée, une pensée, un sourire. Je perçois un parfum que je connais. Je ne peux plus fuir.