Un ciel bleu, le soleil dans le dos, deux blocs résidentiels. Un hôtel, un bar/restaurant mais pas de client, hors service ou hors saison. Un terrasse quelques tables sont sorties, des tabourets de bar, le long d’un bar. Des tonneaux aussi ont été amenée, ils servent de tables. Un petit arbuste en pot, sans doute un oranger. Et puis toutes ces excroissances des balcons : ils ouvrent grand leur gueule, dévoreurs de vide
No limit ou no limits, qui sait ? Quelques caractères, écritures grises, fond rouge, enseigne bordée de jaune, à bout de lettres un corps, plan poitrine, bras levé, tête visible, des yeux désaccordés baignés de rouge semblent former un S final. Le bâtiment, un étage, peut-être. Un volet métallique en son milieu, baissé. Deux fenêtres, des barreaux, des reflets, une voiture bleue. Le matin, un ciel est bleu.
Une route du bitume abîmé, râpé par le temps, par les passages de véhicules agricoles. Des bas-côtés rendus à la végétation. A gauche, à droite, des arbres fruitiers, des orangers probablement, des amandiers, peut-être. Des systèmes d’irrigation, de contention de l’eau et un grillage d’un seul côté. Tout est en ligne, la main de l’homme est là. On ne la voit pas, on constate son action venue de nulle part.
Que reste-t-il de là-bas ? L’odeur des mains de ma mère et les volutes des harqûs sur sa peau blanche. Parfois le vent me ramène ces parfums mélangés à celui des amandiers et des orangers en fleurs. Ces champs où ils poussent, j’y ai dormi au début, avant les appartements louées à la semaine. J’ai leur terre sous les ongles. Marron clair ou jaune selon les parcelles. Elle est incrustée dans le sillon de ma peau.