Cabiria, Giulietta, soit la fille née des flammes, marche sur cette plage déserte non loin de la mer, elle s’en va bruler des vêtements dans un feu de camp, les mêmes vêtements qui la veille flottaient au vent sur le fond d’un paysage désert habité d’une vieille femme d’un cheval et d’un cerf-volant, la banlieue près de la mer
sa route se déploie en cercles concentriques : plusieurs fois elle rêve, elle tombe à l’eau et à terre pour se redresser chaque fois à nouveau, Fregene, non loin de Rome
en 2011, l’eau, l’air, le feu et la terre sont colorisés dans le film muet-muse de Giovanni Pastrone, Cabiria de 1914, l’Etna en éruption, la fuite souterraine des habitants, sa terre où naissait Empedocle
Rome soit le grand début du voyage, de la formation loin des villes natales en complets beige clair, l’enseigne d’Alitalia clignote dans les aéroports au-dessus des chefs d’escale
des processions de sœurs de l’église, de gros marchands de bonbons, de groupes de musiciens, de pachas en route pour le soleil, l’étranger à partir de l’agence de voyage Saint-Louis à la périphérie nord de Marseille ou du Mississipi ?
à Rome les statues de piazza Navona (où les fleuves des 4 coins de la terre s’unissent), restent, elles, immobiles muettes avec ce faible éclairage la nuit, sur le marbre et le sol brillant, comme une fine pluie, un reflet de spectres
sous une lune liquide des pierrots lunaires sont heurtés par le vent fort venant de la mer ou par de bien sales types
(ça me fait penser d’ailleurs, enfin non là, dans cette ville-même, ils avaient revêtu des uniformes de chefs d’escale ou d’escadrille – en tout cas d’Alitalia – lorsqu’ils ouvrirent le feu sur les deux autos, l’une noire, l’autre blanche, au coin des rues Fani et Stresa, il y a de ça bientôt quarante cinq ans (cinq morts – mais ils ont quand même empêché le fleuriste de venir se faire tuer – plus un : pour rien…) – ici on donne à la télévision le « Esterno Notte » de Marco Bellochio)
J’ai été embarquée par votre texte, par les images qui s’y déploient.
Merci !