comme ces ombres à l’intérieur des sous-sols romains ; qui s’étaient laissées contaminer par le sol odorant et friable en surface ; qui étaient souvent ponctuées sur la pierre sombre humide par d’anciennes images voire sculptures de visages et de silhouettes drapées maintenant témoins de liaisons et de transports de câbles de fils et de trouées ; de réseaux souterrains de passagers du métro au milieu desquels le cinéaste italien avait bien su plonger à l’écran (Roma) pour aussitôt se propulser au niveau de hautes caméras balayant de regards panoramiques les artères de la ville, fluides ou encombrées, silencieuses ou sonores, bordées par un large anneau de saturne périphérique semblant dans une fausse immobilité et aux horaires les plus variés se débattre sans fin ; alors qu’en son sein sous de somptueux habits d’époque ou de simples tenues d’un âge contemporain ; à bord d’un bateau, aux temps des Doges ou dans une station thermale ; dans le milieu journalistique ou clérical ; celui des gens du cirque ou des trattorie, des pensions familiales et des cabarets ; sous la lune ; suivant les contours d’une piste de danse sans cesse ébauchée la représentation filmique ? de tout un inconscient collectif entre fiction rêve prémonition et réalité aurait fait sur lui sur ce cinéaste l’effet d’une drogue à laquelle il n’aurait pas pu renoncer
au fond les reflets multiples de certains sous-sols (à Rome ou ailleurs) n’avaient-ils pas été pour pas mal d’entre nous y compris pour moi-même la raison la métaphore (métaphore veut dire en grec transport) d’un impossible retour,… mon retour concret sur l’île par exemple (au fond une sorte de valeur absolue de la ville qui y était rattachée, une sorte de vision d’image de mirage paroxystique d’un point de terre dans la mer ensoleillé blanc et venteux et maintenant de mémoire une sorte de survie du passé par la trace en quelques éléments essentiels sensoriels non traduisibles en paroles sur le papier) que j’arrivais au mieux parfois à dessiner dans le même tremblement léger comme quelque chose d’irréel de difficile à saisir maintenant que j’en étais depuis longtemps séparé ; parachuté au nord d’un pays lombard montagnard austère et renfrogné et au ciel nullement aussi bleu acidulé que les fonds des toiles de Lorenzo Lotto (l’exilé de Venise si présent en Lombardie, peintre aux nombreuses madones à l’enfant)
auquel mon ami M. m’avait initié sur la voie commune (à nous deux semblait-il) d’une carrière sacerdotale tant le titre d’un de ses livres La Bibbia secondo Lorenzo Lotto/la Bible selon Lorenzo Lotto, que j’avais traduit pour une revue numérique à laquelle tous deux nous participions pouvait sembler à cet égard révélateur !