Halte vécue
Dimanche 9/08 à 17h07, départ de Noyers-sur-Serein dans l’Yonne, cap vers l’Alsace ! 101235 km au compteur de ton utilitaire Fiat Ducato que tu as confortablement aménagé pour notre périple (nous pouvons y dormir, y cuisiner presque nous laver). 1ère halte : Essoyes dans l’Aube (département où tu es né), j’ai très envie de visiter la maison du peintre impressionniste Pierre-Auguste Renoir, il paraît que beaucoup de ses toiles y sont exposées, tout simplement. Il est 18h30 c’est fermé, la visite sera donc pour demain. Cherchons un coin agréable pour passer la soirée et la nuit. Voilà, nous avons garé le camion sous le marronnier de la petite place près du cimetière. Une fois installés, B propose d’aller saluer « les allongés ». Bonne idée, j’aime bien flâner entre les tombes, lire les prénoms, les noms, les dates de naissance et de mort, les hommages (pourquoi ne dit-on pas femmage?). Carine…. 28/07/72 – 21/03/2003, mais que lui est-il arrivée? Morte à 31 ans ? Pourquoi ? Comment est-ce possible ? Je regarde sa photo, elle sourit. Je reste là, interdite, stoppée, recueillie devant cette énigme, face à cette injustice. B. me fait remarquer que dans les cimetières il y a toujours un robinet d’eau froide pour remplir les arrosoirs qui servent à rafraîchir les fleurs tombales. Il propose de revenir demain pour faire le plein de nos bidons et bouteilles, surtout celles qu’on utilise en ce moment pour nous mouiller, nous asperger, nous saucer, il fait tellement chaud, 38°5 ! De retour au camion j’admire le paysage, autour de nous des collines boisées recouvertes de vignes. Environment clame, apaisant, joli.
Halte imaginaire
Iels sont partis à 5, ne reviendront qu’à 3, c’était en juillet 1999. Iels avaient entre 19 et 25 ans, cousin.e.s, ami.e.s d’enfance. Iels avaient décidés de partir en stop dans les Pouilles (en tâter du talon de la botte de l’Italie!). 2 juillet Porte d’Orléans les pouces se tendent, une camionnette s’arrête, la conductrice est prête à emmener tous le monde jusqu’à Marseille, quelle chance ! La route est agréable, pas de bouchon ni en arrivant à Lyon, ni en sortant de Valence, à ce train là, on y sera vers 18h, pour l’apéro-pastis annonce facétieusement la conductrice. Elle est ravie de ne pas faire la route toute seule, c’est plus gai, on cause, les un.e.s racontent leur vie, d’autres leurs projets, on chante en français, en italien en américain, en arabe. La conductrice propose une pause, de toute façon il faut absolument faire le plein de carburant. Eve et Alban qui s’étaient assoupi.e.s préfèrent prendre leur temps : « allez devant on vous rejoint ». Les 4 autres se dirigent en bande vers la machine à café et le rayon sandwichs. Soudain, des crissements de pneus, des bruits de Kalachnikov, des cris: une fusillade sur une aire d’autoroute juste au moment où Eve et Alban descendent de la camionnette. Iels sont au centre d’un règlement de compte, pris entre 2 gangs. Eve reçoit une balle, elle tombe à terre, une rafale atteint Alban en pleine tête, il tombe sur elle. Les tirs se poursuivent. Une cinquantaine de douilles seront découvertes sur les lieux.
Oh !!!
La halte, temporaire ou définitive… texte puissant !!!
merci Gwenn merci