ces traits inconnus retrouvés auraient été semblables à ceux que j’avais peut-être cherchés sans le vouloir sur l’île au large de Marseille la veille de mon départ pour les studios parisiens en même temps qu’effleurait mon esprit comme souvent les lieux pouvaient me le suggérer quand il était -semblait-il- question d’ y revenir (sur ces lieux, de se livrer à une sorte de pèlerinage), une vision de rêve une idée d’endroit exploré mais en fait nullement en vrai dans la vie réelle ; cela dit ici je me trompais, j’avais vraiment séjourné sur l’île il y a des années et j’avais retrouvé presque intact ce franc dépaysement d’alors
comme s’il se fût agi lors de ma première visite d’une île lointaine d’une autre ville que la mienne en fait seulement séparée des autres arrondissements par de l’eau de mer le passage des bateaux aussi celui d’un espace/temps nouveau auquel la traversée très agitée à bord du petit ferry qui avait quitté le port par temps de vent assez fort avait pour mission de nous préparer c’est du moins ce que j’avais pensé rétrospectivement ce d’autant plus que le fait d’avoir été malade sur le bateau d’avoir pleuré et de m’être coupé par pincement en actionnant une simple ceinture de sauvetage m’avait aussi suggéré dans ce sens certains rites initiatiques anciens devant annoncer des changements des caps petits ou grands ?
auparavant à des années d’intervalles la terre sur l’île m’avait semblé aride néanmoins parfumée ponctuée de taches de maquis grillonneur chantant odorant d’herbes aromatiques et de vent se découpant contre un ciel de saphir perçant et des criques désertes d’eau transparente et de pierres blanches étales presque liquides sous le soleil en fusion Le tintement des mats avaient bercé mon oreille dès mon arrivée avec en échos les conversations des pécheurs et les salutations entre petits comités d’habitants qui m’avaient souri et m’avaient dit bonjour sans me connaître Mon regard s’était arrêté sur ces arbustes en coussinets plaqués par les vents cette fine poussière s’élevant du sol ocre et les colonnes des restes d’un temple gréco-romain autour duquel nos chambres s’alignaient à l’intérieur d’un dortoir aménagé de façon rudimentaire et dont nous avions pu apercevoir déjà de loin aussitôt débarqués les lumières
plus tard en haut des couchettes superposées du train de nuit qui me conduisait à Paris, tous un tas d’images mentales me ramenaient à la végétation romaine autour de la cinecittà italienne si chère à Federico Fellini et qui se distinguerait sûrement des environs des studios de la capitale où sans doute il n’y aurait derrière les rues étroites nul superbe pin parasol méditerranéen aux sommets (tels des plages douces d’un temps arrêté paraissant fluctuer dans l’air) qui auraient été familiers de proches caméras tourbillonnantes parfois si haut perchées prêtes à tourner suivant diverses techniques des plans inconnus de futurs spectateurs, des plans retrouvés inconnus des acteurs et des metteurs en scène eux-mêmes
je pensais aussi au sujet de Rome et de son centre le plus resserré à toutes les places les statues tous les musées et les palais ; que j’avais aperçus de mon premier bus urbain orange ; que par mes études mes lectures et mes recherches je pensais alors déjà bien connaître ; que j’avais déjà pu respirer la première fois dès ma descente du train comme j’aurais pu respirer ma propre ombre percluse d’odeurs de moisi de jasmin de sable et de résine de pin