C’est Vendredi assis sur le sable – des milliers d’histoires semblables (Fernando Solanas indique que nous (ne) disposons (que) d’un nombre fini de narrations – une quarantaine – tout le reste n’est que littérature, affaire de style, de genre, de forme ce n’est pas le genre de paroles qui nous aide à pondre une histoire – nous ne sommes pas non plus gallinacées non plus qu’ovipares, je sais bien)
en vélo il va chercher du pain, la boulangère lui sourit, il la connaît depuis des lustres, pas de gringue non, il chante une chanson sans doute pour oublier, ou alors seulement il siffle il roule sur la plage pour aller rejoindre sa cabane dans les bois, il vit seul, celle qu’il aimait a disparu un matin, tôt sans qu’il s’en soit aperçu, ou alors c’est lui qui est parti un jour, sur un coup de tête ou sans vraiment le savoir ou parce qu’il avait autre chose à faire, à penser
il y a une chanson qui fait « j’ai marché à pied/j’étais sûr de vous trouver/je ne me suis donc pas pressé » – elle a été écrite par un type qui se prénommait Nathan, il a changé son prénom en Francis, oui à cause de ça oui, il habitait sur les bords de la Marne, du côté de la Varennes (celle que chante un peu Trenet « un sémaphore appelle ces gens / tous ces braves gens / de la Varennes et de Nogent ») mais lui venait à pied, marchait le long des quais en mangeant les frites qu’il tirait d’un cornet, Lemarque oui
c’est à la nage que je rejoindrai l’île – personne n’y vient jamais, j’y serai seul et heureux pour y mourir – toute la journée à écouter les bêtes et les oiseaux – et oublier les hommes et leurs guerres, rêver d’amour et de beauté, cesser ces tortures, ces mémoires, ces souvenirs et ces pleurs, cesser de penser et simplement respirer, voir le matin et le soir, se lever, libre enfin sans se blesser, sans ourdir trahir mentir – libre
chaque paragraphe me parle et me fait rêver
« simplement respirer, voir le matin et le soir » Total partage. Avec Vendredi assis, sept jour sur sept. Merci Piero Cohen-Hadria.
Prendre le temps, simplement respirer, oui toutes les histoires sont là, et toujours la musique, merci.
nous avons navigué à travers des images proches…
et puis j’ai toujours rêvé mourir en nageant loin, vers l’île.. peu importe laquelle
je te retrouve, Piero, à travers ces si douces narrations, variations…
merci…
(je vais penser à Solanas)…
Ces textes me touchent beaucoup. Et aller chercher du pain à bicyclette avant de disparaître (je préfèrerais ne pas nager) sur l’autre rive .