sur l’ile, d’où l’autre jour j’étais partie, j’avais retrouvé ce même bruissement léger odorant et clair de feuilles et de fin gravier mêlé au sable aussi celui des vagues qui revenait sans cesse au loin
j’avais revu l’hôpital Caroline qui s’était théâtralement profilé, construction surélevée regroupant les restes d’un temple gréco-romain autour duquel un bâtiment bas et allongé avait dans le temps abrité un lazaret qui alors dans ce lointain passé avait été le témoin de notre chantier de bénévoles et où maintenant sur son site en plein air il n’était pas impossible d’assister à des pièces de théâtre ou à de récitals en été sous le ciel étoilé
la cour devant les dortoirs musicaux nous avait vus occupés je m’en souvenais à travailler, durant de longs moments et presque hypnotisés, le ciment (pate grise onctueuse) pour de petits travaux de reconstruction ou d’assemblage de parties d’édifice même infimes
un puits assez grand avait attiré la descente de certains spéléologues en herbe qui y avaient découvert un missile sans doute remontant à la dernière guerre et dont le caractère si tangent et concret si imagé nous avait fait divaguer revenir sur l’occupation allemande et le bombardement de la ville entière
les vergers s’étaient alignés embaumant du parfum des herbes aromatiques et des légumes et des fruits prodigieux disparaissant repoussant parfois !