Thaïlande – 2007 –
les singes
Autour d’une végétation luxuriante et de quelques temples colorés qui ressemblent à des boites aux lettres, le scooter roule sur une route étroite qui monte, descend, tourne, retourne, remonte. De vraies montagnes russes, bordées de poteaux de bois, d’où des fils électriques se balancent car des singes marchent ou sautent dessus. Des familles entières de singes gris. Curieux, ils nous regardent passer, repartent à leurs affaires puis reviennent. Ils s’activent tandis que le scooter peine de plus en plus et finit par caler. Panne. Je regarde les singes jouer, sauter, se moquer, en attendant la suite.
le parquet
Au bout de l’ile, après un dédale de chemins étroits, instables, mélange de terre et de sable, je roule en scooter. Autour, des maisons basses, faites de bric et de broc, beaucoup de tôle ondulée. Partout à côté une généreuse végétation composée de palmiers, cocotiers, bambous. Et puis au bout du chemin une construction de bois. Une belle maison, propre et soignée, toute ouverte sur l’extérieur. Dehors des orchidées en fleur pendent du bord des toitures, un grand congélateur ronronne et quelques tables et sièges vides attendent. Soudain beaucoup de vide. Et de plein pied, une grande salle, nue. Aucun mobilier sur un parquet magnifique, lisse, brillant, impeccable, immaculé. Des lattes de tek comme un plancher de salle de danses. Et soudain un homme, surgi de nulle part, avance vers nous.
le billard
Sous un énorme bouddha assis planté sur le haut de la colline, nichée une maison basse, de bois. Des voix sortent de l’intérieur aux murs à clairevoie. J’avance vers la porte ouverte. Une salle de billard. Au centre quelques tables où de jeunes gens jouent, des boules roulent encore. Sur le pourtour de la pièce unique, des hommes plus âgés boivent des bières, une queue ou pas dans l’autre main. La lumière solaire passe entre les lattes verticales, des murs, forment des rayures sur le feutre vert.
le serpent
Je ne l’ai pas vu personnellement mais l’homme m’a raconté. En sortant de sa maison, ce matin, il avait vu un serpent. Un de plus, m’a t-il dit. Ça lui semblait habituel dans ce coin, la présence des reptiles. Mais il a précisé que celui-ci il était dangereux, et n’avait pas fui à son approche. Il m’a donné le nom de l’espèce et me l’a décrit, mais j’avais trop peur rien qu’à cette évocation pour me concentrer, me disant qu’il devait y en avoir partout sur cette ile des serpents, des comme ça, des venimeux et plein d’autres.
le coq
Dans un gros bourg, posée sur un trottoir, une cage en rotin très aérée, en forme de demie sphère. A l’intérieur un coq piétine. Un petit coq de combat, tout sec, tout nerveux. Soudain le propriétaire le sort de sa cage, caresse ses plumes sombres lentement, tout en lui parlant. Puis il lui donne délicatement des petits morceaux de banane épluchée. Le coq avale la nourriture, par coups de bec sec mais sans agressivité, aucune. Une banane, deux bananes, trois bananes, quelques caresses encore, quelques mots doux sur le col et il est remis dans sa cage.
les filles dans le train
Dans le train entre Pattaya et Bangkok, sur les banquettes de bois des grands compartiments des enfants jouent, des parents lisent un magazine, leurs volumineux bagages au-dessus dans le filet, un moine bouddhiste calé contre son paquetage somnole, un vieux très maigre avec une panoplie de cartons rêve à je ne sais quoi la bouche ouverte, des jeunes casque sur les oreilles battent la mesure du pied… Et de dos, face au paysage défilant, aux prairies et aux champs vert tendre, devant la porte ouverte du train, trois adolescentes jeans moulant et tee-shirt court, jouent de leur belle et longue chevelure au vent, comparent leurs ongles, se font des messes basses, rigolent et minaudent en faisant claquer les bulles de leur chewing-gums.
le hérisson blanc
Dans une avenue bordée de petits immeubles décrépis aux fenêtres grillagées, à Ayutthaya, où se vendaient de quoi se nourrir et s’abreuver, des étoffes de coton aux teintes vives et motifs floraux, des billets de loterie, des paires de tongs, des bouddhas en pendentifs, des sacs Chanel en contrefaçon… Il y avait également un marchand d’animaux .Superbes les oiseaux emprisonnés. Chacun dans sa cage, recroquevillé dans son coin ou picorant ou sautillant en piaillant, voire en chantant. Enfin c’est ce qu’on dit d’un oiseau parfois. À côté dans une cage identique, un hérisson blanc. Toutes blanches les piques du hérisson avec de petites pattes et une truffe toutes roses. Charmant ce hérisson, qui ressemblait trop à un jouet pour enfant.
après le match de boxe thaï
Dans une rue de Bangkok en sortant d’un match où de jeunes corps, beaux et musclés s’étaient frappés bruyamment, devant un public encore plus bruyant que la résonance des coups sur les muscles et les os, on avait faim. Alors dans la rue à proximité, on a mangé, un plat délicieux, mais très pimenté. Très très pimenté. Bouche en feu, yeux qui pleurent, pommettes écarlates. Alors on recherche un vendeur de mangue ou yaourt, qu’on ne tarde pas à trouver. C’est avec nécessité puis délectation que cette mangue fondante m’a permise de retrouver ma disponibilité au monde environnant.
le masseur sous l’arbre
Près d’un canal et d’une rue tranquille de Bangkok, un masseur office sous un arbre majestueux, aux racines comme des veines saillantes. Couverture à même le sol, pour quelques baths, il propose différentes formules. Tonique, stimulante, thérapeutique…. Je choisis la plus douce mais je n’avais pas du bien comprendre car en quelques respirations je me retrouve tirailler, écraser, secouer, écarteler, comprimer par des mains terribles et des pieds plus encore. Quelle puissance et énergie met cet homme à travailler! Ce n’en est plus un massage, c’est un supplice. Vue mon expression, il se modère un peu, un peu seulement et lorsque je me relève, c’est épuisée et ayant mal partout. Était-ce vraiment un massage strictement stimulant !
merci pour me cadeau = nous faire croire que sommes avec vous
Merci Brigitte de m’avoir suivie une fois de plus