En effet, il n’y a pas eu plus d’effet que l’effet que ça peut faire habituellement. Laurent avait pris l’habitude d’aller se brosser les dents le soir avant d’aller se coucher, comme tout bon humain qui se respecte et qui respecte une bonne hygiène bucco-dentaire. Seulement, cette fois-ci, alors qu’il faisait couler une fois de plus l’eau pour laver ses dents, il entendit une voix clairement dire : « Laurent est mort ». C’était une voix qui lui était connue, mais il n’aurait pas su l’identifier. Une voix qui s’élevait du siphon comme le glouglou qui coulait avec l’eau retombant dans le lavabo. « Laurent est mort. » Trois mots qui lui ont glacé le sang. Il ne savait pas s’il s’agissait de lui ou s’il s’agissait d’un des nombreux Laurent qu’il connaissait. Puis, après ce « Laurent est mort », a été prononcé « mais cette femme est seule, Sébastien ». Une deuxième phrase qui lui avait chauffé les tempes, les gouttes de sueur perlant de son front. Il se secouait la tête pour expulser ces voix qui se sont immiscées à l’intérieur de son crâne, à la lisière de son cerveau. Et d’autres phrases étaient ainsi apparues depuis ce fameux brossage de dents, le 11 novembre 2021, jour de la commémoration de l’armistice de la première guerre mondiale et de la SaintMartin. Il avait fait beau toute la journée et Laurent avait fêté ce 11 novembre en famille, avec ses parents, ses frères et sœurs et ses neveux et nièces. On ne savait pas encore si on allait être confinés, ce qui l’inquiétait, lui, le célibataire qui subissait en solitaire la crise de coronavirus depuis un an et demi. De plus, la campagne électorale faisait rage sur et dans tous les médias. Tout le monde s’acharnait dans une espèce de maelstrom anarchisant qui ne donnait plus de repères aux gens puisqu’aucun de ces politiciens n’avaient vraiment de projets de société, et, quand ils en avaient vaguement un, ils ne le montraient pas de peur de voir leur côte de popularité chuter. Cette ambiance délétère de Santé malade et de campagne électorale avait créé une fractale dans l’esprit de Laurent qui peinait à trouver quelqu’un, bien qu’il soit inscrit sur Meetic. Justement ce soir là il avait chatté avec Emilie, une postulante au non-célibat de 40 ans, ce qui lui convenait à lui qui avait 45 ans. Ils avaient donc passé une bonne partie de la nuit à chatter par vidéo. Laurent s’était même roulé un petit bédo tranquillement allongé sur son canapé. Alangui par l’odeur acre de ce cannabis très pur qu’il s’était procuré à la base aérienne, Laurent avait, peu de temps après, pris congé d’Émilie qui était de charmante compagnie. Mais lui ne se sentait plus très bien. Il avait eu soudain envie de s’envoler, avait eu l’impression de planer au-dessus de sa chambre. Il prit peur car il pensait qu’il était mort. Il avait entendu cette chose là chez les personnes qui avaient connu une expérience de mort imminente : elles voyaient leur corps après le tunnel de lumière blanche. Laurent s’était ainsi soudain levé de son lit en trépignant. Il hurlait dans son salon, il courait autour du canapé rouge et de la table ronde et blanche qu’il s’était récemment acheté. Cela a duré environ un quart d’heure, ce mouvement de panique. Puis, il s’est fait son petit frichti une fois calmé. Il avait une faim de loup et commençait à reprendre ses esprits. Il ne se sentait plus décoller du canapé. Son cerveau, embrumé, collait à la paroi du crâne. Ça commençait à chahuter dans son crâne, c’était l’anarchie des pensées contradictoires. Des pensées qui s’opposaient constamment, et qui provoquaient un gouffre en lui. Rien ne pouvait le rassurer. C’est une fois entré dans la salle de bain et après le brossage des dents qu’il a eu ses premières hallucinations. Après « Laurent est mort », il a entendu les noms de beaucoup de gens qui devaient mourir. Une chose angoissante, imperceptible et sourde qui lui montait à l’échine jusque dans le cou. Un coup de froid qui l’envahissait petit à petit, qui le faisait frissonner. Ce n’était pas le horla, mais il était hors de lui-même, extérieur à ses pensées anarchisantes qui l’enfermaient dans un gouffre puissant. Une tempête sous le crâne, une tempête du désert qui l’avait soudain envahi. La réalité avait alors pris une nouvelle teinte. Il redoutait d’aller dans son lit mais s’était quand même couché sous les draps. Ce n’est pas qu’il avait très bien dormi, mais il avait dormi, le bédo l’ayant en partie achevé. Il avait quand même bien pensé à éteindre son joint dans le cendrier qui traînait à côté du canapé. Ses mouvements étaient lourds et très cadencés. Il sentait sa bouche pâteuse et avait très soif. Il s’était donc endormi pour un petit moment et s’était réveillé au petit matin, en sueur et en panique. Il n’avait pas entendu de voix, mais son dernier rêve l’avait visiblement fait réagir, et il avait ressenti une peur effroyable. Seulement, il ne savait pas quelle peur cela suscitait en lui ni quel rêve il avait fait. Il n’était pas très avancé sur ses propres émotions, en fait. Il n’était devenu qu’un paquet de stimuli et réagissait au quart de tour de toutes les sensations qu’il ressentait aussi bien provenant de l’extérieur que de son propre intérieur. Il n’était devenu qu’un flot de pensées contradictoires, de petites pensées qui ne faisaient même pas une dînette pour les oiseaux mais juste de la disette pour les étourneaux. Il commençait à se sentir à l’extérieur des systèmes. Ce n’est pas qu’il avait toujours été très bien intégré dans les différents réseaux qu’il avait fréquentés, mais là c’était encore pire. Il se sentait extérieur à l’espèce humaine telle qu’elle était représentée dans ses cercles. Lui éprouvait désormais un profond ennui quand il lui arrivait de se retrouver en société. Un ennui puisque désormais, il était habité par ces voix qui l’accompagnaient une bonne partie de la journée. Beaucoup de personnes mouraient autour de lui s’il se fiait à ces voix. Son père, sa mère, ses frères et sœurs, Annie et Rosie, deux de ses amies ainsi que Franck et Stéphane. L’atmosphère s’assombrissait pour lui. Son cerveau lui pesait, pesait plus lourd que ses pieds endoloris par une marche de vingt kilomètres. Ses yeux et ses paupières étaient souvent endoloris eux aussi, et sa bouche n’était désormais qu’un petit rictus de dégoût perpétuel. Il n’était pas le bienheureux ni le quiravi de la crèche à Noël. Sa vie sociale l’ennuyait de plus en plus, rien ne l’intéressait plus chez les gens qui n’avaient visiblement rien à raconter eux non plus, comme lui. Un petit peu de météo et l’affaire était dans le sac. Laurent travaillait aux archives de la ville. Un métier qui l’avait passionné au début, mais dans lequel il sentait bien qu’il s’y ennuyait autant que s’il dévalait le gouffre de Padirac ou un puits sans fond. Une sensation étrange, de plus, s’était emparée de lui et il pensait qu’il était médium. Il pensait qu’il était en lien avec les morts plus qu’avec les mortels. C’était donc devenu « chanmé et mortel », pour lui aussi, c’était « carrément clair ». Il s’était échappé de la réalité et de sa propre réalité aussi. Il était ailleurs, au-delà de ses rêves, dans un autre espacetemps qui n’existait que pour lui et qui n’avait pas de corps ni de substance. Il n’était devenu que sensations. Tout relevait du domaine du sensitif, de l’impression et non forcément du tangible. La déréalisation commençait à l’entamer. Ce n’est pas qu’il était très proche de lui-même, mais il s’éloignait de plus en plus de ce qu’il était, de ce qui l’avait formé, pour devenir un zombie de sa propre pensée. A moins que ce ne fut le contraire. C’était peut-être avant qu’il était un zombie, quand il était un bon filfils à son papa et à sa maman. Un enfant sage qui n’avait pas le droit de s’écarter de son milieu, un ado sage qui n’avait pas le droit de s’écarter de son milieu, et un adulte plutôt sage qui ne se permettait pas de s’éloigner de son centre. Jusqu’à ce fameux joint qui avait relié quelques-uns de ses neurones d’une autre manière, et provoqué des fragments dans une pensée qui était plutôt cohérente, auparavant. Tout son être s’était cassé, brisé en mille morceaux. Il n’était que petits fragments dont il aurait dû mal à recoller les morceaux pour former une belle mosaïque à l’italienne. D’autant que ce que disaient ces voix était angoissant pour lui : il pensait qu’on voulait le mettre sous tutelle, il entendait des noms du passé et du présent fréquemment, et se sentait totalement persécuté par ses proches qui, pensait-il, à défaut de lui vouloir du mal, lui portait la poisse et s’acharnaient contre lui pour qu’il ne réussisse rien dans sa vie en se moquant de lui. Inlassablement. De quoi se taper la tête contre les murs et se défenestrer. C’est d’ailleurs l’idée qui lui était passée par la tête le soir où il avait fumé son joint qui venait de la base aérienne. Du cannabis de toute pureté prêt à décoller les meilleurs cerveaux. Peu à peu, tout est paru encore plus hostile à Laurent. Encore plus qu’avant… Il s’enfonçait dans sa pseudo médiumnité qu’il ne réservait qu’à lui-même, car qui aime bien châtie bien. Les liens sociaux s’étaient peu à peu coupés comme l’eau qui ne coule plus quand on actionne les vannes. Laurent s’enfonçait de plus en plus dans cette marge qui le faisait exister. Il estimait n’avoir plus besoin des autres pour exister mais qu’il pouvait très bien exister par lui-même. Ça, c’est ce qu’il se disait pour chercher un peu de sérénité. Il avait une tête aussi vide que pleine à la fois. Il ne pensait à rien et à tout en même temps. Pas de juste mesure, juste le goût du vide et du gouffre qui donne des vertiges qu’il n’affectionne pas pour autant. Ses vertiges l’emmenaient ailleurs, au-delà de lui-même, de ses perceptions et de ses sensations. Sa tête tournait et devenait de plus en plus lourde. Les acouphènes, auxquels il était habitué depuis tout petit, se faisaient de plus en plus présents et prégnants. Des acouphènes qui brouillaient les cartes et qui le menaient sur de nouvelles pistes pour qu’il continue à s’égarer à l’intérieur de lui. Car plus il entendait de voix, plus il faisait de voyages intérieurs. Il voyageait en solitaire dans son petit appartement, en écoutant simplement de la musique. Il décollait de ses racines pour s’envoyer en l’air avec Bach, Mozart, Vivaldi, Guillaume de Machault ou des musiques plus récentes, PJ Harvey, Portishead, Dominique A, Jean-Louis Murat, Jacques Higelin, Brigitte Fontaine ou encore Arthur H. Il était entré dans une espèce d’ère du psychédélique, du délire de la psyché lorsqu’il s’allongeait sur son canapé. Il avait l’impression de tout comprendre, que tout ceci lui était adressé, tous ces sons, toutes ces paroles, toutes ces sensations l’ont renfermé à l’intérieur de lui-même pour le renforcer dans ses dons de médiumnité. Il était persuadé d’être médium, mais n’en faisait profiter personne. Il gardait cela pour lui, pris dans la panique de ces sensations étranges qui lui faisaient peur. Il faisait peur et se faisait peur aussi. Il pensait qu’il allait plus loin que les autres tout en faisant du surplace. Il restait confortablement installé dans son canapé, et faisait ces espèces de voyages immobiles en regardant des livres de photos, des cartes postales qui restaient gravées dans sa mémoire. Comme ces tableaux de Klimt ou d’Egon Schiele, ceux de Chagall qui l’emmenaient plus haut encore que le commun des mortels. Il se rassurait avec ces couleurs, ces formes jetées sur la toile comme celles de Kandinsky ou de Matisse. Der blaue Reiter, le cavalier bleu. Cela lui rappelait le jour où il était allé visiter la Lehnbachhaus de Munich. Belle collection de Kandinsky et de cavaliers bleus qui hantaient maintenant ses nuits avec les fiancés de Chagall. Des couleurs jetées dans ses rêves qui fabriquaient ses pensées. Points et lignes de fuite sur lesquels il s’élançait toujours un peu plus chaque jour. Il était seul, de plus en plus seul, mais gardait sa petite vie sociale en se rendant tous les jours aux archives. Il s’ennuyait profondément dans ce métier. Il n’en pouvait graduellement plus de toutes ces choses à conserver. Cela commençait à lui sortir par la tête. Sa mémoire n’imprimait plus rien et était devenue une grosse éponge qui dégoulinait chaque jour un peu plus. Une mémoire qui se comprimait aussi. Elle vivait la nuit, dans les rêves de Laurent. Le jour, il ne se passait plus grand-chose, sa mémoire était aussi percée qu’une passoire. Il ne voulait plus rien imprimer, plus rien conserver, il était devenu un petit panier percé. De plus en plus refermé sur lui-même, sans pour autant s’appartenir, il épousait les vicissitudes de l’époque et semait à tous les vents sur les réseaux sociaux. Un vent de la colère, un vent de discorde ou un vent de zénithude selon ses propres humeurs. Sa palette d’émotions était large entre l’énervement, la rage contenue, le rire, les larmes, rien n’était plat en lui même s’il contenait toutes ses émotions dès qu’il était en public. Son fleuve n’était pas tranquille dans sa petite vie sans saveurs mais avec beaucoup d’odeurs. Il s’était désintéressé de Meetic. Son idylle avec Emilie était passée avec pertes et sans fracas dans les vapeurs du cannabis qui l’avaient emmené si haut. Il se désintéressait de presque tout et rentrait chez lui, le soir, après le travail, pour regarder des émissions qui lui vidaient le temps de cerveau qu’il avait encore de disponible. Et il n’était plus disponible pour rien ni pour personne. Tous les soirs, ses petites pensées s’échappaient par le trou de la hotte aspirante de la cuisine de son appartement. Son regard fuyait inexorablement par la lucarne de son téléviseur, mais se fixait définitivement sur l’écran de son ordinateur, un laptop qu’il avait acheté à l’hypermarché du village. Face à lui, une fenêtre en PVC. Il ne voyait, une fois qu’il rentrait le soir, que le blanc du volet roulant. Il préférait se protéger du froid et du noir de la nuit souvent étoilée, quand il n’y avait pas de nuages. Il n’avait pas non plus envie de hurler à la lune. C’était hors de question, il n’était pas un loup-garou après tout. Il était juste perdu, perdu en lui-même, dans les profondeurs de son corps et de ses tripes qui gargouillaient de temps en temps, qui lui rappelaient qu’il était un humain après tout, et qu’il fallait bien manger pour vivre, et non vivre pour manger. Tous les soirs, la même routine crasseuse s’installait dans son for intérieur. Il n’était plus que l’ombre de son passé, l’ombre de son présent et l’ombre de son avenir. Il n’avait plus d’avenir, en tout cas c’est ce qui lui semblait, son avenir était tracé vers la maison de retraite à laquelle il commençait déjà à s’habituer, au plus creux de son petit appartement. Il s’oubliait dans sa vaisselle et dans ses tasses de café où il ne voyait même plus le marc qui aurait pu l’épanouir. Il s’évanouissait un peu plus chaque soir dans ce petit appartement lové au beau milieu d’un petit immeuble d’Aurelcastel. Un immeuble ancien où logeaient autrefois les militaires de la base aérienne qui se désaffectait. L’immeuble était désaffecté aussi de toute trace de l’armée et appartenait désormais au parc HLM de la ville. Laurent avait pu l’obtenir grâce à son emploi municipal même si ses revenus auraient suffi à ce qu’il devienne propriétaire. Mais il était célibataire, et ses envies de propriété s’étaient envolées, telles le départ de la base aérienne vers des contrées encore plus vastes et mieux préparées. Lui restait ici, engoncé dans sa vie comme il était engoncé dans le pardessus qui lui servait d’imperméable. De plus en plus sédentaire, il prenait du poids, ne faisait plus autant d’exercice qu’auparavant, et il portait dans sa tête les kilos qu’il avait sur son corps de plus en plus flasque, de plus en plus bedonnant, de plus en plus grasseyant. Il ne voyait déjà plus le bout de son bout, comme il ne voyait plus le bout de sa vie qui se raccourcissait autant que l’écart entre son ventre et sa chemise. Il chutait inexorablement vers le gouffre de l’ennui qui outremange parce que trop envie de manger, mais aucun appétit pour la vie, pour ce qui faisait le grain de sel de la vie, ce petit plus qui aurait pu faire pencher la balance du bon côté. Ses hallucinations étaient de plus en plus prégnantes et l’envahissaient. Crise de coronavirus oblige, où bon nombre de personnes étaient décédées, il entendait toujours autant parler de mort. « Untel est mort, unetelle est morte. » Autant de petits grains du chapelet qui écourtaient peut-être aussi sa vie. Sa vie qui prenait une ligne de fuite, sans suite, sans le cours du ruisseau qu’il avait connu dans son enfance. Le cours de son ruisseau, à présent, n’était que le Styx de la vie, un fleuve qui charriait des morts à la pelle. Il remuait son propre enfer, tombait dans son propre oubli de soi, oubliait aussi les autres et plus rien n’avait jamais d’importance. Il buvait de l’alcool, fumait du chichon pour oublier qu’il entendait les voix que personne ne voulait entendre. Il se désaccordait de lui-même, tombait comme on laisse chuter la marionnette avec les fils de la vie. Tank, tank ! Clap, clap ! Clic, clic ! Cloc, cloc ! Tap, tap ! Plouf, plouf ! Et paf, le chien qui tombe dans la mare avec les canards et les poules d’eau, les cygnes et les grues, les hérons cendrés et les oies de bords de prés ! Il tombait dans une flaque de sang, il chutait de sa propre hauteur vers un précipice qui le happait, un vide qui l’enveloppait avec le poids de sa chute. Un poids de plus en plus mastoc, de plus en plus solide et lui se liquéfiait en même temps qu’il chutait. Il était devenu une montre molle qui entendait le tic tac de la vie et qui dévalait les marches de son immeuble comme on s’engouffre dans la cave et l’antichambre de la mort. Plus rien n’avait d’importance, plus rien ne comptait plus jamais. Il était dans son gouffre, dans son goitre et son triple menton. Il avait éclaté par la gorge en s’étouffant avec un morceau de bœuf, le bœuf bourguignon qu’il s’était mijoté avec des morceaux de bœuf pas tendres et surtout pas assez cuits. Personne ne s’était inquiété de son absence tant sa vie sociale s’était réduite à peu de choses. Le concierge avait tout de même les clés de son appartement. C’est lui qui l’a ouvert et qui a trouvé Laurent inanimé sur le tapis du salon. Le concierge avait fait venir les pompiers. Ils ont mis Laurent dans un grand sac, avant de le mettre sur un brancard. Direction la morgue de l’hôpital dans un fracas de sirènes qui tournaient à vide, comme les roues du camion tournaient sans cesse vers une route finie, un petit chemin que l’on empruntait pour aller vers le dernier endroit, la cheminée de l’incinérateur du crématorium qui attendait Laurent selon ses propres volontés.