Villes 3 D

Méga

Alors que poussent vers là haut les blocs de légo jaune bleu rouge dans blanc gris noir, glisser sous le panorama trompeur dans les galeries souterraines de kilomètres de long, de dessous les norens mouvants dépassent les jambes fatiguées des mangeurs de ramen, au jour des ruelles de maisons de bois scotchées d’adhésif brun luisant, des bouteilles remplies d’eau pour repousser les chats errants.

Osaka

Ciment

Flanquée entre collines, franchi le ruban rayé rouge et blanc limite du chantier qui blanchit le ciment, ville linceul édifiée sur les ruines du tremblement de terre, secousses sous labyrinthe de ciment blanc, frôler en dansant les bâtiments aveugles de la mémoire, ville tronquée, ville silence sous le bruit du moteur du drone filmant en survol le plan qui ondoie à pile un mètre soixante du sol, on peut crier dans les rues de la ville fantôme, personne n’entend, le ciment avale le son, pourtant des voix en écho dans les collines.

Cretto di Burri – photo Pierre Ménard

Streetball

Jesus Is Lord. La ville prétend toucher le ciel, sur le rooftop la jeunesse dorée en miroir, la découpe rectangulaire bleue piscine et Empire panorama avec DJ, en finir, plongeon puis surf entre brownstone et béton-verre, arc de triomphe de pacotille mais c’est dans la cage que ça se joue, ça joue sévère, rebondissements sur l’asphalte, cris, sueur, get that shit out of here, si tu préfères y a une partie d’échecs à côté.

New York

Raffiné

Le cadre c’est à travers la vitre teintée bleue du bus, un travelling du cœur battant vers l’aéroport en bus limousine qui roule sur voie rapide, sous ponts échangeurs routiers, la beauté industrielle des silos démesurés des cuves de métal colorées jaune d’or, céladon, rouille, les colonnes atmosphériques, enjamber grand la baie sur le treillis du Sky Gate Bridge R.

Osaka

Bulles

Un rêve partagé : on mettra des fleurs artificielles en plastique mort pour faire du vivant et on mangera du poulpe sous parapluie à velo et on s’embrassera sous les rails et on se serrera dans un passage de chat humide et on nagera dans les vapeurs de bouillons et on regardera le soleil se coucher cheveux peroxydés et moustache immortalisés en Kodachrome sous le halo blanc de la suspension en verre opale.

Osaka

A propos de Caroline Diaz

Née un 1er janvier à Alger, enfant voyageuse malgré moi. Formée à la couleur et au motif, plusieurs participations à la revue D’ici là. Je commence à écrire en 2018 en menant un travail à partir de photographies de mon père disparu, aujourd'hui c'est un livre, Comanche. https://lesheurescreuses.net/

12 commentaires à propos de “Villes 3 D”

  1. ah oui ! superbe… me donne envie alors que ne l’avais pas.. bon mais en même temps en rester à lecture c’est très bien

  2. Oui très bel assemblage, et beau souffle dans tes textes. Je n’ai pas encore regardé la proposition, mais pas grave, c’est là qu’on comprend combien vite le texte s’émancipe !

  3. splendide interstice ! merci pour tes textes, tes photos et tes textes ! ils « marchent » super bien ensemble sans se marcher sur les pieds ! « chapeau » comme on dit !