Villa VINEUSE, Théralène dort.
Maison des URSULINES EN VALOIS, pas de chambre, antichambre, pas de fenêtre, un sombre lit pour deux enfants tête-bêche. Une porte donne sur le couloir, l’autre sur la chambre des parents.
Villa UHARTZA, qui s’appelle comme un chien, dans ma chambre première en vacances, niche de pierre dans un mur où ranger le cahier de devoirs.
Villa GOÏTY, à droite de la fenêtre dans le placard qui réduit la lumière qui vient du large, un miroir et son lavabo. Comment s’y laver ? Sous une planche, un pot. Renfermé.
Villa HIRRU, seul dans le lit si grand des parents, les jambes tendues sous les draps les pieds ne touchent pas les bords. Otites.
Villa des SAINTS-PÈRES (1), petit lit colonial dans le bureau du Grand-Père qui n’y est pas. Un rêve de moi-même me raconte une fantastique histoire, fausse : tu m’as cru ?
Villa des SAINTS-PÈRES (2), sept heures du matin tout le monde dort, la cour pavée vide, le porche fermé, seuls les bruits, passent au rythme d’un feu, autobus, autos, poubelles, autos, bus.
Villa ROC-BOULOGNE, canapé-lit du petit salon, Figaro, Match, Madame, Point de vue, Nous deux, Lui.
Villa MARECHAL LANGLOIS (1), dans la cuisine, la cuisinière. Sous la fenêtre au plafond, sur la table en formica collée au placard garde-manger encastré dans le mur, chocolat chaud, tasse MOBIL.
Villa MARECHAL LANGLOIS (2), j’ai la chambre de ma mère, papier peint motifs XVIIIe, rose, bergers bergères, folies champêtres, tic tac du réveil dans le noir, bergers bergères, je ne suis pas sourd.
VILLA PORT-VILA, dans la nuit le réveil se déplace tout seul sur l’étagère en tremblant, sans sonner. On dormira sur l’herbe du jardin. Ciel étoilé.
Villa CLAUDE MONET, un mur de bibliothèques à grimper pour ma seule chambre, mais pas de livres, mon père, ma collection de ses pierres.
ILM LA MONTGOLFIÈRE, lits superposés à tour de rôle, avec les pieds on touche toujours un plafond.
VILLA ROCHEFORT, ma chambre, une planche, deux tréteaux, un matelas sur un matelas par terre, une désobéissance servile.
Ils me plaisent ces noms-là de villa, on aimerait qu’ils s’échappent et deviennent de plus en plus improbables.
J’aime cette litanie des noms de villas qui contraste avec la description minimaliste des chambres. Tres réussi