Soufflez, annoncez mon arrivée aux martinets, aux sceptiques, aux parapluies antiques, aux parapets circonspects, aux jupes qui s’envolent, aux chemises qui gonflent, battez les trois coups, les dix coups, que ça tape dans les haubans, que les mâts s’entrechoquent, que tombe tout ce qui n’est pas accroché, amarré, desquamez toutes les croûtes, les sacs, les chaises, rembobinez les stores, affalez les parasols, courrez.
Premières gouttes épaisses, rapprochées, confirmées.
Kaléidoscopez mon ciel de faïence, d’ardoise, de plomb, ennuez vous de ces brouillards jaunies, aveugles, opaques, effacez la cathédrale, la basilique, Marie, Merci, envoyez tout aux calendes, que le rideau tombe sur le temple. Laissez couler la colère de boue.
Plus d’horizon
Feux mouillés, les essuies glaces s’emballent, flottille des autos à la patine, nez collé au pare brise, les gouttes courent, reviennent plus nombreuses, embrouillez les buées, essuyez les vitres, enivrez vous dans l’eau sur le goudron trempé.
Sous la voûte, perchés, vingt centimètres de refuge à partager, au rebord des eaux verticales et du fleuve rehaussé. L’abscisse et l’ordonnée dans une même vague. Charriant la boue, grossis des pluies, les bords du cadre s’emmêlent. Rompez la ligne de partage des eaux, noyez les arbres, les quais, remontez les troncs, les herbes, nichez-vous sous les piliers des ponts, barrages de castors.
Le fleuve monte, dérive des ponts sans air.
Éclaboussez toutes les verticalités, lavez les murs ocres, secouez les couleurs, tracez des giclées, des vagues, des cognées, rentrez par toutes les fenêtres ouvertes, battantes de fraîcheur et d’humidité, laissez venir les voilages enceints, gonflés de mes caresses venteuses, entendez les draps qui se refusent aux doigts domestiques, qui veulent l’envol. Les digues sont ouvertes, glissez dans les soupirails, les regards, les fissures, sortez les bâches, les sauts, les bassines, épongez les parquets, les escaliers. Essorez.
Digue des balmes gonflées de terres glissantes. Les collines s’envoûtent, les murs s’arrondissent des argiles fluides, les pierres remuent, dégringolent sous les ruissellements, les torrents dévalent les pentes, retrouvent leur lit, emportent les pins, les nouveaux arbres mal vissés.
L’immobilité remue.
Foutus pour foutus, la chemise couleur de peau, les cheveux qui dégoulinent, ils quittent leurs abris illusoires, plutôt brasser le flux, remonter les courants, profiter du renversement, à tâtons, puis laissant remonter une joie enfantine, pieds nus, se regardent en riant, à laisser des traces d’eau derrière eux, les paumes des mains à rebrousse eau, ils reviennent avec une queue de sirène derrière eux.
Texte Walkyries bondissantes, c’est presque joyeux si on s’en tient juste à la musique et à l’élan… Fouette cocher ! E hasta la muerte , écopez les ami.e.s ! https://www.youtube.com/watch?v=ZHAzEgXeQkY&t=18s
L’orage, les impératifs, m’ont effectivement entrainé dans cette calvalcade wagnérienne, il ne restait plus qu’à chanter sous la pluie.