Je veux saisir la femme là, à cet instant précis où elle entre dans l’eau sereinement deviner les poches pleines évidemment, esquisser le regard vers la berge et penser qu’une maison rôde pas loin
Je veux saisir la femme là, à cet instant précis où elle entre dans l’eau, remonter le fil en pensée de la journée avant se demander ce que les yeux ont lu ou regardé, deviner les lignes écrites pendant que plus loin, la fumée frôle la surface de l’eau, dans la tasse, dans l’étang
Je veux saisir la femme là, à cet instant précis où elle entre dans l’eau, où elle pose l’impératif d’une vie pour des milliers d’autres après elle derrière, où la robe peut être, la tenue en tout cas s’imprègne du liquide qui change tout, sur la texture du tissus, sur la couleur aussi
Je veux saisir la femme là, à cet instant précis où elle entre dans l’eau, où le ciel certainement s’ouvre par endroit au-dessus de sa tête, au-dessus de hauts arbres qui ne penchent pas dans les tempêtes, les tempêtes qui n’existent pas dans ce pays, là, où peut être le chien laissé seul dans la maison aboie, où le mari lui ne devine pas
Je veux saisir la femme là, à cet instant précis où elle entre dans l’eau, avec de la mousse surement à la frontière entre la terre humide et l’étang, avec pas de bruit et pas d’écho, avec pas de cri, avec aucun mot.