On croise des personnes. Elles marchent vers les escaliers. Elles vont sortir. On les a croisés tout à l’heure. Le bruit des pas de personnes qu’on n’a pas encore vu. On se retourne et on se dit que ce bruit des pas sont les leurs. Chaque bruit de pas est précis à chacun. On entend les semelles crisser et on regarde une démarche, un imprimé de saison. Un enfant chantonne et tape des pieds. L’eau de la fontaine dans le patio du château. Elle bruissent, les voix l’enveloppent, les bruits enveloppent la coursive et enveloppant, ils descendent vers la fontaine.
Les bruits s’entrecroisent. Et les proportions des jarres soit soulignent soit contredisent soit répètent. Le même motif. On se souvient du bruit de la drisse sur le mat. On se souvient du bruit de la mer quand la mer nous appelle. Ce bruit, cette rumeur.
On a envie d’entendre le bruit de chaque lettre et on se le répète on cherche le début d’une chanson quand quelqu’un descend l’escalier et que le bruit de ses souliers sont enveloppés.
Le bruit de la couleur mystérieusement qui s’exprime avec une autre couleur. Ensemble quand elles expriment plus, on pense : elles saturent. Elles formulent quelque chose d’opaque qu’on veut prendre dans la main. Elles fuient et se transforment en ombres par exemple l’ombre de la ‘fenêtre sur le parquet
Tout a son bruit et ça fait une rumeur : la rumeur du monde. Tout a un bruit : je me retourne sur la rumeur du monde : des airs traversent l’air, le bruit des ailes des oiseaux à l’envol, le bruit qu’on fait dans la maison : je voulais écrire un carnet de bruits et noter scrupuleusement chaque bruit : les répertorier, le bruit de la cafetière le crissement des basquets, le bruit de vêtements, le bruit de quelque chose qui n’est pas à sa place, et la trace qu’il pourrait laisser légèrement…un son et des voix de loin, on pose un bruit on voudrait en faire le tour ; le bruit du clapotement d’une vague sur l’étrave, yeux fermés savoir comment est la vague, ou comment est le vent, bruit du gouvernail et savoir comment la vague est passée, bruit des rumeurs – toutes sortes de rumeurs, les rapides, elles passent on ne peut les retenir, mais on associe des bruits fugitifs de la rumeur, à la rumeur plus vaste, plus générale, plus silencieuse et opaque, comme la rumeur du silence. Mes journées me donnent ces bruits, on dirait qu’on nait aux bruits, mais de façon décontenancée… de façon risible des fois car les bruits de notre univers tintent autrement que nos états intérieur, les contredisent , les soulignent les notent en italique, entrent en conflit ou rappelle dans les deux sens se rappeler se souvenir, et interpeller ; le bruit renvoie au royaume des songes, des fantômes, de choses non dite, des silences etc… paragraphe de bruit, un bruit légèrement en retrait ( une émotion un peu rentrée, ou l’émotion qui donne le la à la journée, d’ailleurs, ne dit-on pas donner le la, mettre en bémol, …on pourrait les ramasser en faire quelque chose, amasser cette matière sonore, de tous les jours, écouter aussi des instruments de musiques proches de ces bruits comme un violoncelle proche de la voix humaine puis d’une couleur puis d’une forme, on pourrait dire je me lance dans le bruit graphiti, le bruit personnage, le bruit couleur, …vient ensuite une note de piano assez grave. Cette note renvoie à tous les autres bruits en contre-point. Voilà de façon cocasse une moisson en mineur, un jour de pluie, ou majeur en jour de soleil.
oui à chaque instant la symphonie jouée par nos oreilles quand on écoute. Écoute goûte tout est là tout le temps tout près tout prêt.