Mes pas las | main canne et main dos | pas las | maintenant, là, un pied devant l’autre | là, sur le trottoir | pour une fois sur ce qu’on appelle trottoir| pas de place pour deux pieds, yeux levés | le soir tombe ou va tomber | je le sais | le sais plus que ne le vois | le bleu qui pâlit et se dore | peut-être ou peut-être pas | mes yeux ne savent pas | aussi las que les pas dans le tournant du jour | sur la courbe tendue de la rue qui insensiblement déplace le tracé des toits | yeux qui se hissent avec l’apparition de cette masse sculptée s’élevant soudain au dessus d’une volute creusée sous la ligne | pas las qui s’allègent dans le chant de la pierre que dorent les rayons, des ombres qui la creusent, du trou qui divise la masse peu à peu en deux frontons voisins entre lesquels un couteau de bleu | pas et yeux qui sourient à la rangée solennelle de pigeons échelonnés presque régulièrement sur le triangle lancé à l’assaut du ciel | rangée qui se déploie sous l’avancée lente des pas | rangée immobile, imperturbable | rangée que ne dégarnit aucun vol, que n’augmente aucune arrivée | guetteurs de nuit qui me surmontent maintenant | pas qui se font presque suspendus dans le désir de partager leur attente | pieds qui se tordent sur l’étroitesse de la pierre dite trottoir | nuit qui se glisse en moi avec désir du repos | pieds et canne sur la chaussée, yeux dardés sur le trou lointain du bout de la rue, pas qui s’accélèrent | pigeons oubliés, douceur de la nuit qui vient.
Codicille – image reprise du #3, cet embryon de texte étant une tentative à partir de l’un des fragments qu’elle surmontait
image ©Brigitte Célérier – 2022 Avignon
J’aime ce moment où le pas hésite à se suspendre dans l’image. Pas qui se rêvent pigeons posés
merci… ça a tendance à m’arriver assez souvent 🙂
Merci pour cette promenade crépusculaire, le cœur et le pas léger.
merci et pardon demandé pour ma difficulté à lire (et écrire) actuelle
Et malgré cette phobie très ancienne des pigeons du bruit battu de leurs ailes. Marcher avec vous Brigitte au pas doux ralenti et voir avec vos mots la promenade et la trouver fort belle
un bout de promenade d’un peu moins de cent mètres 🙂
qui font beaucoup de centimètres et quelques heures de rush au ralenti
🙂
« dans le tournant du jour | sur la courbe tendue de la rue qui insensiblement déplace le tracé des toits » 💖💖💖
merci
J’ai marché avec vous Brigitte, merci pour ces mots si beaux.
merci