L’homme s’arrête d’un coup, le mouvement reste en suspens. Pour franchir le seuil de la folie, il n’y a qu’un seul pas, un pas qu’il peut retenir, un mouvement qu’il peut contenir. Un instant, il hésite, lutte contre les ténèbres qui l’envahissent. Il veut dissiper les brumes qui obscurcissent son esprit. La jambe droite à peine levée retombe. Flash. Les vapeurs grasses du sacrifice fument déjà sur les autels. Le corps cède à l’esprit. La jambe gauche reste immobile. Le cou tendu fige le regard vide. La jambe droite s’élève encore et retombe à peine, talon soulevé, pointe appuyée, genou fléchi puis tendu. Encore. Talon, pointe, genou. Le cou s’étire un peu, le regard mort fixe au loin. La jambe gauche reprend le mouvement : pointe, talon, pointe, genou plié, genou tendu. Le cou suffoqué attise le regard dehors. Encore. Le corps frissonne, enveloppé d’un reste de nuit. Les ténèbres de midi l’encerclent. L’homme tente un pas de côté. Pas maintenant. Les jambes restent immobiles. Le bras s’allonge lentement et saisit l’arc fermement. La corde tremble à peine. Le bras gauche ajuste la flèche brutalement, l’arc est bandé violemment. Pas maintenant. Le corps chancelle de peu. La nuit gagne. Le ciel brille d’étoiles. Le corps se redresse, la vision se brouille, l’esprit cède tout aux images dévastatrices. Flash. Le sang coule. Flash. L’encens brûle. Maintenant. Les branches de peuplier encerclent les mèches du front. Le corps redressé retient encore la flèche tendue. Flash. Combattre les Titans. Flash. Arracher rocs et bois, empoigner pics et pieux, les empiler, gagner l’éther. La flèche à peine élancée reste un instant suspendue dans l’air vibrant. Elle retombe et transperce d’outre en outre le cou de l’enfant confondu par le rêve délirant. Vaincu par la fureur, l’homme s’effondre lentement.
Encore plus tragique cette violence au ralenti…
oui, la force bandée
Merci pour votre lecture. Une consigne qui m’a donné du fil à retordre !