vers un écrire/film #04 | ce geste

Ce geste qu’on lui voit de dos, ce geste de ramener les mains vers l’avant, vers quoi on ne voit pas puisqu’on n’a que son dos, il soulève une épaule, regarde vers le bas. Il reste là un moment à nous tourner le dos, son geste à peine deviné, un bon moment bien campé sur ses pieds écartés,  tête baissée, à contempler quoi on ne sait pas, l’herbe ou ses pieds, à siffloter parfois, content détendu soulagé dans ce geste qu’on lui voit, on plutôt qu’on ne lui voit pas, puisqu’on ne voit que son dos et enfin il remonte quelque chose d’un autre geste très vif, la tête de profil soudain, dans son élan pour la volte-face, ce geste mystérieux qu’on devine qui a lieu de l’autre côté de son corps qu’on ne voit pas, les mains ramenées en avant vers le bas du ventre, et le mouvement rapide de ce geste qu’on devine aux épaules qui remontent, après la cambrure inhabituelle, les jambes écartées  bien d’aplomb pour ce geste , la remontée rapide des mains et autre chose aussi dans ce geste avant la volte-face nez en l’air soudain, dans ce geste comme si de rien, comme si ce geste n’avait pas eu lieu, comme si quelque chose était à lire dans le ciel, mais ce geste il est seul à le faire, contre les murs, en bord de route et on ne dit rien de ce geste, on ne s’approche pas, on sent qu’il ne faut pas, on le contourne, on ne demande pas, nous on s’enfonce dans les sous-bois, on cherche le fourré protecteur mais lui, tranquille, face au monde, planté fermement dans la clarté du jour, la poitrine en avant avec son geste libre et pendant la vive volte-face finale, la tête enfoncée dans les épaules pour mieux remonter le zip du pantalon comme si de rien…