Elle ne voyait que ça. Elle ne voyait plus qu’eux dans le beige du ciel. Les amants de Chagall qui auraient pu survoler les cieux de Paris d’Odessa de Tokyo de Gdansk ou de Tizi Ouzou. Non. Ils ne survolaient que le ciel de son petit village à Saint Denis ou à Saint Avit. Enfin quelque part entre Beauce et Perche. D’habitude ce sont les petits ou les grands avions de tourisme qui traversent son couloir aérien. Il y a aussi les avions de chasse de la base aérienne qui fendent les airs en laissant de grandes traces de kérosène. Ou alors des jets. Des jets privés qui cassent les couloirs aériens. Non. Là c’était simplement des amants. De vieux amants qui survolaient la région. Elle en violet. Lui en vert. Ils creusaient leur sillon aérien au-dessus des champs de blé ou de maïs. Ils s’accrochaient au coq 🐓 du clocher du village. Ils fendaient la bise au-dessus de son lit en-dessous du plafond de sa chambre. Et ils allaient bien. Ils allaient même très bien. Ils ne s’étaient jamais senti aussi unis. Ça leur allait bien ce violet et ce gris souris. Le violet de la mariée et le gris de celui qui ne sourit jamais autre part qu’au dessus de son lit. Ils la voyaient bien maintenant. Elle était petite et rampante à regarder le ciel. Indifférente au monde qui l’entoure mais pas aux espèces qui peuplent le ciel. C’est ça son miel. C’est le ciel pas le fiel.