Juste pile. Se redresser légèrement, tirer la tête, un peu grise, vers le haut. Vérifier dans les rétroviseurs si le bus est bien aligné au bord du trottoir : c’est bon. Quelle maîtrise. Geste fait si souvent : pause terminus. Couper le contact : la main le fait sans réfléchir. Assise. Tourner le buste, plier les bras derrière, saisir la veste, les jambes se décalent des pédales, et impulsent la tension pour lever le corps froissé du siège et l’autre main pousse le guichet amovible pour sortir. Comme une marquise. Pause terminus. Bref regard vers l’enfilade des sièges et soudain jouir de la stature verticale où les yeux regardent pour soi, et non pour des rétroviseurs, des panneaux de circulation, un corps de métal longiligne. Surprise. Jambes encore endolories fragiles au contact du macadam, effacer une démarche d’ivrogne, quelques pas, ça va. Respiration, exquise. Un ressenti frais sur la peau. Le ventre au milieu. Sous la chemise. Jambes verticales. Un oiseau s’envole. Un nuage au ciel. Se tourner, faire quelques pas libres. Gâteau, cerise. La tête se relève, les bras se balancent, repos vertical. Vertical. Le sang se répartit, tout s’équilibre. Franchise. À ta guise. Quelque temps sans penser à rien, juste frais sur ma peau. Frais sur ma peau. Je fais un pas plus long, comme si je voulais franchir un ruisseau, un jeu d’enfant. La marquise. Déjà, se retourner, dire bonjour à une première passagère qui entre pour le service. Déjà, entrer, pour retirer encore le guichet amovible, d’un mouvement des bras reposer ta veste sur le siège. S’asseoir. Vérifier d’un taton des pieds si les pédales sont toujours là, réflexe stupide. Quelle bêtise. Refermer le guichet amovible. Fermer les portes. La main qui sans réfléchir tourne encore la clef pour relancer le véhicule. La crise.