C’est un parc celui où une longue allée serpente celui où un homme et une femme vont se croiser celui où ils se croisent où leur regard désirant se rencontre où la densité de ce regard est si forte l’émotion si palpable que chaque pore murmure le temps suspendu. C’est l’instant où un tremblement des paupières perceptible chez la femme où un léger mouvement des lèvres et des mains chez l’homme révèlent l’émotion intérieure l’élan contenu l’attraction impérieuse que rien ne semble pouvoir interrompre. Tout transpire l’élan le corps se penche un peu en avant un mouvement infime surélève les bras une chaleur envahit le corps irradié d’un imperceptible frisson les yeux s’embuent. Tout est violent à l’intérieur. Remous dans le cœur leurs vêtements se sont frôlés ils étaient si proches. Oui ça s’est passé comme çà, elle a traversé le parc son regard a dérivé de tous côtés parfois lentement parfois très vite. Elle a regardé à droite à gauche puis devant elle la pupille de ses yeux s’est agrandie elle a ouvert légèrement la bouche marqué un étonnement un ravissement un désir effleurant à peine les lèvres une fine aspiration une caresse de l’intérieur une minuscule étincelle un temps-extase bref. Oui ça s’est passé comme ça, elle a aperçu un homme grand mince elle a ressenti une attraction une gêne a détourné son regard puis l’a posé à nouveau sur lui ils se sont croisés ou plutôt ni l’un ni l’autre n’a dévié de sa direction lui ne l’avait pas vu pas tout de suite maintenant il l’a regardée aussi regard partagé lent flottant puis insistant les yeux de l’homme sont très bleus les mains de la jeune femme se sont agitées légèrement elle était bouleversée l’homme l’a regardée en passant sa main droite dans les cheveux a relevé une mèche lentement esquissé un sourire elle a répondu par un sourire aussi. Oui ça s’est passé comme ça, presque comme ça. Puis chacun a suivi son chemin conservant l’élan singulier de tout son corps-esprit. Seule une lumière a persisté dans le regard devenu plus clair.
je lis je lis je lis, ton texte, jouir aussi de cette fulgurance
merci Cécile de ce soutien, de ce partage
beaucoup aimé cette rencontre, rencontre des regards mais aussi des peaux, des corps des ventres et on sent que ça s’est vraiment passé comme ça
très beau
et l’intensité croît vraiment avec l’absence de virgules — elles auraient stoppé l’élan — qui donne toute sa fluidité au désir
ton écho me ravit.
mon combat contre les virgules est à poursuivre