C’est l’approche d’un virage en épingle à cheveux la pente excessive et la végétation luxuriante qui en cache la rudesse quand le moteur souffre et ronfle, que le conducteur surpris change de vitesse déclenchant un ralentissement de toutes les voitures en file indienne
C’est la route derrière ce virage qui en cache tant d’autres 400 dit la brochure et l’on se prend à compter et la route serpente et grimpe grignote le paysage côtoie la falaise un mur de pierre noire d’un côté un à-pic vertigineux de l’autre, emporte les regards au-dessus des sommets changeants sous l’impact des nuages ou des percées de soleil
C’est le massif montagneux au-dessus du cirque au-dessus du monde des îlets de cases colorées dispersés dans l’immense paysage qu’un sentier ténu réconcilie, le massif que surplombent les nuages comme une menace de pluie torrentielle à peine aura-t-on commencé à gravir les sentiers, le piton rocheux dressé vers le ciel que sa noirceur momentanée isole de tous les autres sommets l’érigeant en guetteur, il capte l’attention il nous guette et c’est toi finalement qui ne vois plus que lui
C’est la cascade aux embruns de fraîcheur après la descente sous une chaleur harassante les yeux happés par les couleurs les fleurs suspendues au-dessus des têtes ou à portée de main et qu’une main caresse, la résonance de la chute blanche au milieu de tous ces verts intenses l’eau attrayante et les éboulis rocheux sur lesquels glissent les pieds effrayés avec, en plongée, la découverte de ce jeune couple qui joue dans un bassin tout proche
C’est une église massive blanche et grise vers laquelle convergent des groupes d’hommes et de femmes des individus seuls qui y entrent ou qui en sortent, c’est une église et une foule un jour de semaine, une bâtisse adossée à la montagne qui selon l’angle de vue en occupe toute la hauteur et l’on s’attend à ce que la cloche batte son plein et annonce un drame autant qu’une fête
C’est un ex-voto sur la route à l’ombre d’un virage un petit parvis et trois marches tachées de moisissures de mousses d’humidité, un autel dressé sur un mur de céramique blanche morceaux ajustés de matériau jadis lumineux sans doute aujourd’hui recouvert de salpêtre, et le regard avance vers une sainte mère envahie de voisins de bustes et de têtes voilées ou chapeautées de livrets de marbre ouverts sur des remerciements de fleurs artificielles rouges et roses, alors que du mur où s’encastre la niche surgissent des fougères des lianes un crucifix cassé, et que la végétation enveloppe tout telle une voûte recélant un trésor
C’est un restaurant que l’on voit de loin, Le petit randonneur, sur le trottoir dans un angle abrité à l’ombre des parasols plusieurs tables occupées deux couples amis qui attendent une table en devisant devant l’enseigne un autre couple en retrait que l’on installe d’abord, on n’entend pas les échanges le soleil tape fort la lumière est accablante d’un blanc cinglant
C’est une serveuse souriante jeune brune qui avance vers un couple de clients sous les parasols verts dépose une carafe d’eau carnet en main prend la commande, puis l’air subitement étonné rit avec les clients avant de quitter la table pour revenir aussitôt
C’est une serveuse confirmée assiettes sur un bras bouteille de vin dans la main gauche qu’elle dépose sur la table du couple de clients débouche d’un geste précis, on devine une remarque à leur adresse quelque chose comme bon appétit, c’est un homme attablé qui lève la main sans attirer l’attention, c’est une femme en robe à fleurs qui se dirige vers le comptoir pour régler sa note et que deux hommes dévisagent
Je m’attendais à un zoom au téléobjectif en ligne droite!
Merci pour la balade avec tous ces détours…
@Michael 😁 et non, pas de téléobjectif, rien d’objectif, sans doute ! Merci à vous !
Merci pour cette belle promenade Marlen et tellement contente de retrouver votre doux chant
@Catherine un plaisir pour moi de retrouver le chant « des autres » ! merci Catherine pour votre passage ici.
Il y a du mystère dans cet assemblage d’images qui nous conduit malgré tout dans un parcours fluide. Lu plusieurs fois avec ce même sentiment de nécessité.
Marlen, c’est beau, tu me fais voyager, découvrir, rêver, avec tes mots et images, et puis avec tes superbes photos qui arrivent des îles et d’ailleurs sur le mail… bon voyage à toi! Et bon retour quand tu nous reviendras…