Tôt le matin. Avant d’aller dans le froid. Un bol de café. Sur l’immeuble en face quelques fenêtres éclairées. Immobiles. Le journal apporte les bruits du monde durs la plupart pour un petit déjeuner. Alors Goldman sans Jean-Jacques ça repose. Photo mains rouges sur fond de nuit au fond là-bas un guitariste. Les Goldmen reprennent les chansons de Goldman. Lecture pas compliquée. Sur l’autre page vite retournée Yard Act, la meilleure bande son des années Boris Johnson. Va falloir écouter tout ça.
Camaïeu tapis de mousse vert clair bruyère vert foncé. Arbres à contre jour fins traits noirs irréguliers qui bousculent cette harmonie tranquille. Le regard avide cherche un animal à tête cornue mais ne trouve que lichens plus clairs encore. Traces de taupes et sangliers. Mousse sur la borne sur les arbres partout. Taches grises et rondes des rochers de grès comme sciemment posés. Énormes, minuscules gris rondouillards. Des mots inutiles perturbent le silence. Ah bon ? Des pas suivent les traces d’autres pas. Paysage immobile que seul fait se mouvoir la marche. Film immobile ronde ophulsienne. Film d’indiens devineurs de traces. Ce sera comment en été ?
A la tombée de la nuit à la tombée du train. Un chant d’oiseau fier et puissant. En plein hiver en pleine ville. Un enregistrement pour faire joli pour égayer ? Au croisement du boulevard et de la rue sur la placette quelques arbres en boule. Arbustes plutôt. Ça vient de là. A l’arrivée je ne vois rien les feuilles le cachent. Quelques pas oui c’est là c’est lui. Au sommet de l’arbre tout en haut de la presque sphère un merle sur la plus haute branche. Siffle siffle bel oiseau noir. Marque ton territoire pour la saison des nids.
Désosser Pêcheur d’islande. Toi seul m’intéresse je ne garderai que ce qui te concerne. Recherche des occurrences de ton nom. Ne garder que ces paragraphes supprimer le reste. Un autre roman un autre scénario avec les mêmes mots. Ça ne se fait pas, je sais. Je veux savoir qui tu es sans me soucier du reste. Sans environnement. Les mots sont les mêmes les images seraient-elles différentes ? Te suivre jusqu’à la mort. En Chine. S’arrêter là ou continuer dans le souvenir de celles qui te pleurent. Tu seras mon personnage principal.
Seule. Une entrée d’immeuble une cage d’escalier évoquées. Elle bouge peu. Elle parle haut se parle. Habillée simplement. Ce n’est pas sa faute si… Il n’y a rien il ne se passe rien seule une femme. Un bloc de boites à lettres. Elle prend son courrier quelques factures certainement. Ce qui lui importe ce n’est pas ça c’est que là-haut l’attendent … Je n’y suis pour rien. Je ne veux rien avoir à y faire. L’image de la fille est là. Pas belle ne faisant rien pour. Pourquoi me demandez vous tout ça. Je n’étais ni dans sa tête ni dans ses ongles négligés ni dans ses pantalons informes ni dans sa laideur voulue. Elle sait qu’elle est aussi fragile que la fille. Que si elle y met le doigt c’est… Elle ne veut pas de cette complicité. Elle ne veut rien. Seule.
chaque paragraphe comme un petit monde en soi … le journal, la balade en forêt et ses traces, la nuit, le train et l’oiseau, la poursuite d’un personnage ou cette femme des boites à lettre aux ongles sales… Le texte avec ses ellipses rend le temps palpable.
Merci Nathalie. Je ne suis pas sûr d’avoir bien compris la consigne ni de l’avoir respectée mais je me suis senti bien dans ces petits tableaux.
(sur Pêcheurs d’Islande : l’équipe était semblable à celle qui tournera juste après, production Beauregard, le « À bout de souffle » suivant) – j’aime beaucoup le dernier paragraphe (mais beaucoup) – je remarque chez toi comme chez moi, comme chez les autres, ce nécessaire passage vers la phrase sans verbe (effet de consigne je suppose)(merci)
Le dernier paragraphe j’ai un peu triché. J’aurais bien fini la journée devant la TV mais je n’avais rien sous la main, sous le clavier. Alors la femme seule c’est Nicole Garcia dans Royan, vue deux jours avant.
Les phrases sans verbe, ça me plait bien, je trouve ça fluide et aisé. Tu as raison de pointer un effet consigne qui pourrait nous entrainer tou.te.s vers un même style « atelier d’écriture ».
Merci !
Pour Pêcheur d’Islande, je viens de regarder. Effectivement, Cauchetier photographe, Coutard à l’image. Les autres je ne les connais pas. Je ne crois pas avoir vu le film de Schoendoerfer.
j’ai regardé assez sérieusement ces moments-là : si ça peut faire avancer quelque chose, il y a ici
http://www.maisonstemoin.fr/2021/11/17/chambre-12/
et là
http://www.maisonstemoin.fr/2021/11/24/chambre-12-hotel-de-suede-enquete-et-hors-champ/
qui pourront te fournir des éléments de réponse s’il se peut…
Il y a déjà des phrases sans verbe dans le premier paragraphe, ça permet d’entrer tout de suite. Tôt le matin.
J’ai aimé entrer ainsi comme dans une intimité. je t’ai suivi pas à pas, paragraphe après paragraphe, et je pourrais bien recommencer au commencement, une autre journée, une de plus…
Ça permet d’entrer tout de suite. J’aime bien cette remarque, les phrases sans verbe sont peut être plus immédiates. A voir. Une autre journée ? ce serait avec plaisir. Les décrire comme ça les rend moins banales ! Merci.
c’est fou tous les oiseaux qu’il y a dans les textes ! C’est l’hiver. Bien aimé, même si je suis un peu perdue quand il s’agit de références cinématogrphiques (je n’ai pas la culture de Piero)
En fait, c’est parti vers le cinéma (et c’est bien) mais au départ, c’est du bouquin qu’il était question. Ça m’a donné idée (envie, pas sûr) de regarder toutes les versions ciné de Pêcheur d’Islande (bon courage, l’ami). Pas faciles à trouver.
Pour les oiseaux, c’est de saison. Merci pour ta lecture.