44.11 | un homme en blanc chasse la neige déposée sur son vêtement | visage tourmenté | trois personnages entrent par la gauche dont une femme qui retient ferme son foulard sous le menton | regard posé sur l’homme très intense avant de se détourner (couleur claire des yeux sans doute) | ils marchent | sortent du champ | caméra immobile, même cadrage | d’autres personnages arrivent, vêtus de manteaux épais et de toques en fourrure | idée de foule, toujours en plan américain fixe | fond un peu phosphorescent de la neige | plus rien, comme un fondu au blanc très bref | et soudain plan à distance qui surprend, on voit toute la scène, personnages de loin dont certains occupés à leur vie, d’autres marchant en procession | on dirait un Pieter Brueghel | un Brueghel en noir et blanc | barrières morcelant le champ de neige en petites aires de surfaces différentes et bras sombres des arbustes épineux |au cœur de la procession un homme porte une croix en bois et un autre l’aide un peu en arrière | des enfants aussi | tous semblent marcher vers un point précis | un bœuf conduit par une femme remonte la file à contre-courant, l’homme en blanc toujours en tête | deux cavaliers les dépassent au galop | contraste de vitesse entraînant au plan suivant et changement brutal de lieu | en arrière-plan les murs d’une forteresse en pierre blanche, il y a une grande porte pour entrer dans la ville, des gens s’agitent et s’éparpillent comme des oiseaux quand au tout premier plan paraît la croix encordée qui tout à l’heure était portée par deux hommes | cette fois lâchée sur une pente enneigée puis tirée vers le haut | 44.55 | il ne s’est écoulé que 44 secondes et tant de poids déjà donné à ressentir | la croix tirée par les cordes glisse sur le versant, on pourrait entendre le crissement du bois contre la neige | l’homme en blanc paraît au premier plan grimpant lui aussi en même temps que la croix comme un animal avec les mains et les genoux | il se retourne vers la caméra, cheveux dans les yeux | en fait il se retourne vers eux qui le suivent | l’image suivante les montre tous de face côte à côte, la femme aux yeux clairs et en foulard soutenue par l’un d’eux en vêtement de peau | l’image est large, magnifique | composition parfaite et mouvante, contraste des noirs et des blancs, nuances des gris, fond de neige | 45.09 | en sous-titre on peut lire « parce qu’ils l’aimaient comme un homme »
oh Andrei ! Merci Françoise, c’est beau
alors là, comment tu as fait ?! tu as deviné…
tout doux ton écho aujourd’hui
c’est culte Tarkovski à la maison
presque aussi merveilleux que les images (pourquoi presque ?)
on a le choix, texte ou cinéma, suffit de deviner de quel film il s’agit (même si ça n’était pas l’objectif de l’exercice !)
pas encore eu le temps de vous rejoindre mais je ne vais pas tarder…
merci Brigitte pour cet accompagnement qui dure….
Moi aussi j’avais deviné !! C’est bizarre comme en lisant tes mots, on est chez Tarkovski et chez Roublev. Ça doit avoir un nom ça. Littérature ? Bravo, bravo.
très touchée Bernard de ce petit mot….
mais c’est tellement inspirant, ces « scènes magiques », tellement beau ce noir et ce blanc, cette neige…
j’ai essayé d’écrire sans réfléchir
en devinant, ou pas, tout est là … cette minute crisse comme la neige sous leurs pas et le visage nous regarde
merci pour ta sensibilité, toujours belle et précise