1- Ventilo, ventilateur
Je sais que ce n’est pas vraiment dans la consigne, mais c’est l’objet que je sens le plus proche de moi en ce moment. Il brasse de l’air, il est à sa manière Don Quichotte, moulin, Sancho pensa qu’il faisait chaud ici…
Aller à la ligne aussi, je me permets ce battement d’air, ce brouillon, ce premier jet d’air frais pour aller à la ligne et respirer un peu.
Ventilo, ventiler, pas lié à un souvenir d’enfance, j’habitais dans le nord de l’enfance, il ne faisait pas chaud. Le premier ventilo, trouvé à Toulouse dans la rue, ça tombait bien, ce n’est pas le genre d’objet que j’aurais acheté. Pourtant… immobile, comme moi, remuant sur place, comme moi, brassant de l’air, comme moi. Ventilateur qui me souffle dans le cou qui fait s’envoler mes idées, ça ventile à tout va un ventilata, moins toxique que la clim, mais quand même branché, mon ventil est branché. Mon fils en a un manuel, il faut remonter la manivelle, rien que d’agiter sa main ça fait de l’air. A l’époque d’il y a longtemps, j’aurai pu imaginer un beau mâle (je suis femelle) agitant une feuille de bananier géant, un éventail naturel pour me rafraichir, mais je dois reprendre le texte 4 fois encore et je me rends compte que je n’ai pas avancé d’une pâle… je bats de l’air, je mélange des mots réchauffés et à part secouer les acariens ça n’avance à rien, je réfléchis à mon processus… Je reviens demain.
2 –
Ventilo, ventiler, créer une circulation artificielle d’air, pas de poumon pas de ventre pas de respiration inspiration expiration, juste de l’air qui tourne en boucle. Ventilo, ventiler, vent-se prendre un vent c’est rafraichissant ou pas, ilot comme une bouée de secours au milieu de l’immensité aquatique, se prendre un vent au milieu de l’immensité c’est rafraichissant, vent frais vent du matin-iler il est pas là il est à coté il est beau il est laid il est loin le temps des… il est venu le temps des …il est loin le temps du vent frais du matin. Circulaire circulation circonvolution faux semblant trompe l’air accroché au plafond ou posé par terre sur pied, mécanique envol de poussière mal de tête assuré bourdonnement continuel. Est-ce que l’effet du ventilateur serait le même si on inversait le sens de rotation ? Il est là et constant, contrairement à nous qui sommes parfois absents et souvent inconstants. Le ventilateur ne déroge pas de son cadre, tandis que moi… Je reviens demain.
3-
Don quichotte de plastique (où est passé Sancho P ?), immobile brassant de l’air tandis que mes idées s’envolent (se mêlent à la ?) dans la poussière. Objet qui souffletourne en boucle qui souffletourne le vent, qui souffletourne constamment, qui souffletourne rafraichissant, qui souffletourne emprisonnant les pales agitées derrière une barrière métallique qui tournesouffle (souffletourne ?) relié au mur par un cordon non ombilical. Circulation artificielle non toxique, fils de la feuille de bananier, père de la climatisation. Trompe l’air bourdonnant, agitateur de poussière (répétition de poussière, trouver un synonyme ?) obéissant, serait-il le cousin de l’aspirateur ? (difficulté à ne pas modifier directement le texte, parallèle entre ce processus d’écriture qui souffletourne les mots et mon objet choisi qui souffletourne l’air que je respire, reprendre l’idée d’inspiration, respiration ?)
4-
Abandonné sur le trottoir un jour d’été, il m’attendait immobile, Don quichotte de plastique, moi sang chaud qui rêvais d’air frais, lui prêt à brasser l’air qui envolerait mes idées poussiéreuses. Fils de la feuille de bananier, père de la climatisation, il obéit au doigt et ses pales circonvolent à vitesse 1, 2 ou 3. Le bonheur ne tient parfois qu’à un fil. Faux semblant rafraichissant il trompe l’air et son hélice emprisonnée dans une coquille grillagée ronronne et hoquète. Il souffletourne en boucle, il tournesouffle les acariens et les fait danser dans l’atmosphère jusqu’au moment où quelqu’un appuiera sur le 0 et alors progressivement le silence reviendra.
5-
Jour d’été, abandonné, sur un trottoir il m’attendait, lui Don quichotte de plastique inutile, moi sang chaud pensant, rêvant d’air frais. Prêt à brasser l’air qui envolerait mes idées poussiéreuses, il est le descendant de la feuille de bananier et l’ancêtre de la climatisation. Ses pales circonvolent à vitesse variable, 1, 2 ou 3. Faux semblant rafraichissant il trompe l’air et son hélice emprisonnée dans une coque grillagée ronronne et hoquète. Il souffletourne en boucle, il tournesouffle les acariens et les fait danser dans l’atmosphère jusqu’au moment où quelqu’un appuiera sur le 0 et alors progressivement la sueur et le silence reviendront. Le bonheur ne tient parfois qu’à un fil.
« moi sang chaud pensant », j’aime quand brasser de l’air avec les mots donne de tels résultats. Merci.