La commission auditionne le vélo bleu Helyett en tant que mandant. Le mandataire de ce vélo est Stéphane Leroy habitant à Sandillon, sur la Loire. Approchez. Le vélo et son mandataire s’avancent vers le bureau où siège le président du parlement. L’homme marche droit, à son côté droit le vélo qu’il guide d’une main juste posée sur sa potence. Le vélo est en bon état. C’est un vélo de course sur route, effectivement bleu ciel. Sous la voûte de la salle de cette commission d’enquête, il roule glissant léger sur le parquet de bois, comme s’il s’apprêtait à aller remonter sur une piste, son coureur avec lui. C’est la première fois que l’homme est auditionné en tant que protecteur d’un objet dont il va représenter la défense. Est-ce pour la circonstance qu’il est lui-même de bleu vêtu ? Il porte un jean de la couleur d’un bleu de travail, et une veste de toile également sur un tee-shirt blanc imprimé du slogan Helyett, dans le progrès, toujours en tête. Le greffe du parlement des objets décline la personnalité juridique du vélo fabriqué en novembre 1957 à Sully-sur-Loire et puis l’ensemble des circonstances ayant jusqu’ici remis en cause son recyclage. L’homme prend la parole pour le vélo et traduit.
Codicille : ce petit bloc doit beaucoup à la lecture des travaux du Parlement de Loire découverts par le livre intitulé Le fleuve qui voulait écrire, les auditions du Parlement de Loire mises en récits par Camille de Tolédo. Ici, la cause, la chose, l’objet, le non-humain, serait vélo individué.
Beau et étonnant texte. Je verrais bien quelques fils de cette bien étrange pelote être tirés. Merci.
merci.
il y a cet article aussi dont la lecture nous tourne autour : http://www.bruno-latour.fr/node/772.html