Les secrets de l’abondance en Inde. Pas l’Inde réelle mais mystique, l’Inde mystique où chaque jour sur le sol poussiéreux de la rue se trimballent de mini tornades. Il y a là quelque chose dont il est impossible de faire la description tellement c’est pas descriptible. C’est le seul être vivant du champ visuel et c’est ce vers quoi le regard converge inexorablement mais je peux pas te dire car c’est comme une trop grande amie je peux pas te dire tellement elle est magnifique dans la poussière. Elle regarde quelque chose vers la gauche immobile et lourde et solide et vivante dans son immobilité. Elle regarde quelque chose en travers de la rue sur laquelle roulent des camions des voitures des motos. Ses sabots font des bruits de crissement de sable inaudibles. Elle est sacrée. Elle est aimable. Tellement. Elle est toute ma vie en affection pour elle. Au croisement lointain d’une intersection de carrefour un camion pick-up s’apprête à tourner dans la rue que son regard animal traverse. Un phare ! Un phare ! de frein de moto rouge s’allume. Il dit : attention je ralentis. Et sa queue magnifique un plumeau qui se balance avec une grâce de maitrise de la fatigue, l’air de rien et l’air d’être pas fatigué alors qu’elle l’est de la moto qui fait trop de bruit avec son klaxon. Elle attend son tour pour traverser reposant sa force de mère du monde. En elle on ne voit pas toutes les divinités qui s’y cachent et on ne peut pas savoir sa pensée. C’est l’étrangeté même c’est hors de moi. Cri d’enfant. Qu’est ce qu’il se passe les enfants ? Lalala. Les enfants jouent. Mais elle. Pas de mouvement. Immobile comme une photo étrange. Miracle d’immobilité. C’est ce que je veux sans le vouloir. Réellement une apparition. C’est le cou musclé de bovin tendu pour le regard vers un autre lieu que son regard traverse vers où son regard galope pour traverser la route et se repaitre de se qu’elle veut voir. Que je ne sais pas ce que c’est. Mais qu’elle, elle doit savoir ce que c’est puisque dans sa tête. Si toutefois ses pensées sont localisées dans sa tête car peut-être qu’elles sont localisées dans son énorme corps noir. Magnifique et imposant animal. Deux petites cornes qui prouvent qu’elle est jeune encore au dessus de sa tête. Vingt centimètres je dirais. Comme le germe d’une graine, hop ! courbure du germe de la graine, hop ! qui saute au dessus de la tête, hop ! vers le monde que l’on conquiert. Ses pattes de verticalité les genoux tendus. Comme une équerre à son déploiement maximum. Verticalité de chien aux aguets. Elle est debout dans la rue au milieu de tout le monde. Idiote. C’est la vie. La dignité de la vie idiote qui aurait pu aussi ne pas être là mais ailleurs et personne ne l’aurait remarquée mais elle est là je la remarque c’est la vie. Comme une surprise, énorme et puissante je n’en reviens pas. L’air qui sort de ses naseaux je peux le sentir sans le sentir chaud comme la chaleur qui sort des naseau d’un veau tellement sensuel c’est une ferveur c’est un réel le réel du veau qu’elle a déjà accouché c’est la force motrice de ta mère c’est une vache dans la rue en Inde.
J’aime beaucoup le coté enlevé et primesautier du texte.
Merci pour ces indications sur la piste à suivre !
Sacrée description ! je viens de le lire avec plaisir et surprise, aussi bien pour les dynamiques de mouvement que les images et l’énonciation.
Merci pour votre lecture et ce message ! ça aide
Formidable ce texte !
Salut Nathalie ! Merci
Hello Didid !
Admirative !
Merci !
J’aime beaucoup ! Et la deuxième sacralisation par l’écriture de cette Vache majuscule, et le regard porté que je n’arrive pas trop à qualifier …. jeune, ingénu, surpris, original profondément. Merci donc pour le texte et la vache.
je suis la vache (si je puis me permettre) 🙂