Sylvie Serpette Hachtag 3 Atelier été 19
C’est une bulle en verre fin. Socle en bois ordinaire. A l’intérieur des fils dorés qui éclairent. Elle est ce qu’on appelle une lampe. Sa protection est cassée : le verre s’est brisé. Un bouton l’actionne en-dessous. Une pile l’alimente. Je ne l’ai pas jetée. Je l’ai trouvée. Elle est si (étrangement) légère transportable sans fil. /C’est dommage, tu vas vers la destructivité alors que au contraire dans le noir torche dans la cavité de la vie que je pouvais tenir à hauteur du regard./
C’est une boule en verre extrêmement fin montée sur un socle de bois ordinaire. Le tout étonnamment léger. A l’intérieur de la bulle, un fil doré de 3 mm de diamètre comme les décos de Noël. Ou encore une bulle comme ces boules à neige qui tombe quand on les agite, comme dans le film de Welles, où le personnage devenu vieux se souvient et revient toujours vers la « Rose bud » de son enfance. Alimenté par une pile qu’on actionne par un bouton en dessous. Sa protection s’est ouverte, bousculé le verre s’est brisé en biseaux. Elle reste telle en haut d’une étagère hors de portée, hors d’utilisation, la protection crevée, le verre comme des dents de tigre. Elle éclaire toujours, torche abîmée qui peut aveugler, ouvrir la peau à hauteur des yeux si on tombe.
C’est une ampoule ronde comme une balle un ballon une bulle de verre avec comme filaments un fil doré de 2 mm de diamètre entortillé comme ces décos de Noël qui dégoulinent des sapins, là en vase clos. Bulle de verre telle celle où la neige tombe dans Rose bud quand on la secoue, une bulle de verre close. Une mappemonde sans continents ni mers, effacés. Une bulle de verre qu’un jour j’ai cassée.
… Qu’un jour j’ai cassée. Un huis-clos éclaté, une percée de ce vase clos, non rupture originelle, plutôt réel qui entre à grands flots par l’ouverture a présent crantée en dents de scie. Si tu touches tu es mort, crocs de tigre aiguisés. Souviens-toi : le verre est fin et le guide léger, tendu à bout du bras, complétement de la main. A ses biseaux maintenant on devient figure grimaçante, homme qui rit, ou l’autre, celui au rictus tracé tranché au couteau.
C est une bulle en verre fin qui protège un fil doré enroulé sur lui telle une ampoule ses filaments. Une fois poussée le bouton relié à une pile sous le socle, la bulle s’allume. Cette lanterne si légère au bout du bras , ce flambeau si ailé, mèneraient loin devant tellement loin, quand une lampe électrique tenue en revolver dans la main pointe son jet lumineux, étroit faisceau, propre à désigner et découper et morceler le réel. La bulle, elle, répand un halo doux et chaleureux, bougie sans trembler, englobant enrobant tout ensemble le bord des ténèbres, les ténèbres et le paysage. C’est qu’elle admet l’opacité du voyage. C’est une bulle qui a été un jour bousculée et brisée. Elle est maintenant huis-clos éclaté,. Et entre ses éclats dressés en biseau, toute la violence du monde circule à grands flots. Je la garde pour ce qu’elle fut : guide, abri, cocon, quiétude, et ce que je l’ai rendue : endeuillée et mortifère, fragile et danger.