A la sortie de la bouche de métro, l’immeuble apparaît de biais, c’est une maison ancienne divisée en appartements, façade en pierre de taille grisâtre, terne, peinte en gris foncé au rez-de-chaussée. Si on se place dans un angle précis, on distingue les restes d’un toit calciné. Une tenture ocre, poussiéreuse, sorte de vieux couvre-lit, occulte la fenêtre qui donne sur la rue, une petite plante à moitié desséchée est posée sur un support. La porte d’entrée est peinte en bleu foncé, un papier collé sur la porte avec des indications écrites à la main destinées à des livreurs, une découpe de forme rectangulaire ouvre sur l’intérieur, rapide coup d’œil, un escalier et une vague odeur de brûlé. Sur la droite, petit resto de pâtes faites maison, le patron travaille devant sa fenêtre, il regarde ceux qui regardent. Prendre un café au Bar du Matin à deux maisons de là, puis revenir encore juste devant l’immeuble et voir que des scellés très discrets sont posés sur la porte, avec l’impression qu’ils n’y étaient pas tout à l’heure; l’ouverture dans la porte d’entrée a disparu, une plaque en bois a été clouée dans l’intervalle, se demander si on avait bien vu, si on n’a pas imaginé cette ouverture, imaginé cette vague odeur de brûlé tout en sachant au fond de soi que non. Se tenir une dernière fois sur le trottoir d’en face. Une autre dame s’approche de l’immeuble. Elle aussi, de toute évidence, regarde.
Grâce à vos mots cette odeur de brûlé s’est répandue. Merci