C’est comme ça que je suis tombé dedans. Une nuit d’insomnie adolescente. J’avais un titre qui m’intriguait, un mot inventé qui désignait une langue inconnue. Le titre m’est venu tout de suite, sans réfléchir, avant même d’avoir une idée en tête. Pas besoin de penser. Juste être seul, avec ma solitude, et une chaine — inconnue de moi, connue des mots — est apparue. D’un jet. Puis par bouffée. Des mots s’imposaient à moi et eux mêmes posaient une énigme à résoudre afin de pouvoir les articuler ensemble. Ils semblaient venir d’une source si lointaine que leur écho devenait presque inaudible. Et c’est justement devant cet impossible qu’une nécessité est née, une responsabilité aussi, celle de retranscrire leur voix muette sans les trahir, ou en les trahissant le moins possible, en m’absentant, au plus loin que l’absence de soi le permet. Je ne cherchais pas un sens, je ne cherchais pas non plus à dire quelque-chose. J’avais juste une intuition qui ne me quittait plus. Sentiment que quelque chose était pré-écrit et qu’il ne s’agissait plus de produire mais de retrouver, en travaillant les mots, comme de la matière, en les écoutant, en cherchant leur voix, leur dire, leur savoir. Être complètement happé par le processus, en être pourtant exclu, dans une distraction extrêmement concentrée sur ce qui se jouait là, à mon insu, ce dialogue entre l’auteur et les mots, et moi, entre les deux, intermédiaire, soumis à la traduction.
merci de nous inviter à cette naissance
et vos va si bien (me semble du moins, mais ne me fais pas confiance, n’empêche que…) : « une responsabilité aussi, celle de retranscrire leur voix muette sans les trahir, ou en les trahissant le moins possible, en m’absentant, au plus loin que l’absence de soi le permet.’
Une écriture à 3. L’auteur, les mots et toi. Est-ce que l’on se dédoublerait en écriture ?
J’aime l’idée de retranscrire des voix.
Que l’écriture soit un moyen de transmission.